12.05.2014
Eviter les ruptures de contrat d'apprentissage par une bonne culture de formation
Dans les entreprises avec une bonne culture de formation, les apprentis interrompent beaucoup plus rarement leur formation. C’est la conclusion d’une étude menée par les Universités de Fribourg et de Constance. Le plaisir à former des apprentis constitue un élément central d’une telle culture de formation.
Image: Thinkstock
Environ un quart des apprenants rompt prématurément son contrat d’apprentissage. Cette interruption génère des coûts élevés aussi bien pour le système d’enseignement que pour les jeunes en question et, sur le long terme pour la société également – en particulier si cela conduit à un abandon définitif de toute formation professionnelle. Quelles sont les raisons de ces ruptures prématurées? Comment une entreprise formatrice peut-elle anticiper ces situations? Voilà deux questions, parmi d’autres, sur lesquelles s’est penché le projet de recherche «Pour des contrats d’apprentissage stables – le rôle de l’entreprise formatrice (STABIL)», mené conjointement par les Universités de Fribourg et de Constance; cette étude a permis d’arriver à la conclusion qu’une bonne culture de formation au sein d’une entreprise est la meilleure garantie contre les résiliations de contrats d’apprentissage et de dégager quelques éléments clé d’une telle culture.
La qualité paie
Dans le cadre de l’étude, des formateurs-trices et des responsables d’apprentissage d’environ 350 entreprises suisses alémaniques (18 cantons) actives dans la formation de cuisiniers-ères ou de peintres en bâtiment ont été interrogés. L’analyse s’est focalisée sur la qualité de l’organisation des apprentissages au sein de ces entreprises, les liens faits entre les différents contenus de la formation, la diversité et l’adaptation des tâches assignées, ainsi que sur la manière de donner aux apprentis un feedback constructif et stimulant. En rapportant ces différentes variables avec la présence plus ou moins fréquente de résiliations de contrat d’apprentissage, on a pu distinguer les groupes d’entreprises suivants:
- Un premier groupe présentant une très bonne qualité de formation et pratiquement aucune ou très peu de rupture de contrats d’apprentissage (env. 35 - 45% des entreprises),
- Un deuxième groupe qui, comparé au premier, présente une moins bonne qualité de formation, mais aucune ou très peu de rupture de contrats d’apprentissage (env. 25 - 40% des entreprises),
- Un troisième groupe qui, toujours comparé au premier, présente une moins bonne qualité de formation et un nombre manifestement plus important de rupture de contrats d’apprentissage (25 - 35% des entreprises).
Ces résultats montrent ainsi qu’on ne trouve pas d’entreprises qui auraient enregistré un nombre important de ruptures de contrat d’apprentissage malgré une très bonne qualité de formation.
Le secret du succès
L’étude s’est également intéressée à la manière dont le premier groupe, considéré comme le «best-practice», se singularise en matière de formation en entreprise. Il a été démontré que, comparé à celles des deux autres groupes, ces entreprises,
- suivent plus fortement le plan de formation
- prennent plus régulièrement des apprentis
- accordent une plus grande valeur au plaisir que ses formateurs-trices professionnel-le-s prennent à la formation des apprentis
- donnent à leurs formateurs-trices davantage de possibilités de suivre des formations continues
- témoignent d’une excellente coopération avec l’école professionnelle.
Les résultats de cette recherche peuvent être interprétés comme une preuve qu’entretenir une excellente culture de formation au sein de l’entreprise peut contribuer à empêcher des ruptures prématurées de contrat d’apprentissage et devraient inspirer les entreprises qui subissent trop régulièrement une telle situation.
Ce projet de recherche est soutenu par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), par l’«Association suisse des entrepreneurs plâtriers-peintres », par «Hôtel & Gastro formation» et par la Conférence suisse des offices de la formation professionnelle (CSFP).
Le détail des résultats de cette étude sera présenté et discuté avec des professionnels, des représentants d’associations (ASEPP et Hotel & Gastro formation), des responsables politiques de la formation professionnelle et des chercheurs, lors d’un workshop qui se tiendra le mardi 13 mai 2014 à l’Université de Fribourg,
Informations: http://www.unifr.ch/pedg/stabil/fr/
Le 13 mai de 16.30 à 17.30, les médias pourront poser leurs questions à:
Stephan Schumann, Professor für Wirtschaftspädagogik an der Universität Konstanz (deutschsprachig), 026 300 75 83, stephan.schumann@uni-konstanz.de
Jean-Luc Gurtner, Professeur de pédagogie à l’Université de Fribourg (francophone), 026 300 75 42, jean-luc.gurtner@unifr.ch