Philippe Geinoz, chargé de cours à l’Université de Fribourg, n’est venu à la littérature que sur le tard, mais cela ne l’a pas empêché de se voir décerner, en juin dernier, le Prix Faguet de l’Académie française pour son étude sur les relations entre poésie et peinture à l’époque du cubisme. Plus étonnant encore, il a développé son goût pour les questions esthétiques en littérature et en histoire de l’art après s’être frotté à l’architecture.

 

«En sortant du collège, on ne peut pas dire que j’étais passionné de littérature!». Voilà un aveu qui peut surprendre de la part d’un chercheur primé par l’Académie française pour son ouvrage intitulé Relations au travail. Dialogue entre poésie et peinture à l’époque du cubisme. A vrai dire, pour venir à la littérature, Philippe Geinoz a emprunté des chemins de traverse. C’est suite à des études d’architecture, entamées à l’EPFL et à l’EPFZ, qu’il a vraiment développé son penchant pour le cinquième art.

Je t’aime, moi non plus!

Dans Relations au travail, son ouvrage primé, Philippe Geinoz explore les relations entre peinture et littérature au début du XXe siècle, une période qui le fascine: «Les poètes et les peintres ont rarement été aussi proches et, malgré cette proximité et ce dialogue intense, les deux arts tentent de s’affranchir l’un de l’autre. Jusque là, poursuit Philippe Geinoz, la peinture était une mise en image des textes, le plus souvent bibliques ou mythologiques, ou une imitation de la réalité. Or, à cette époque, la peinture essaie de se détacher de cela!». L’avènement de la photographie accentue encore le mouvement, elle qui, sur simple pression d’un déclencheur, suffit à l’imitation parfaite de la réalité. La peinture connaît alors une rupture et se met à solliciter le spectateur, afin de l’inviter, après avoir visionné l’œuvre, à se réapproprier le monde.
La littérature n’est pas en reste et les poèmes d’Apollinaire en sont la parfaite illustration: «la syntaxe devient visuelle, les textes sont spatialisés». Là aussi, le lecteur ne peut plus rester passif.

10 ans de labeur et nouveaux projets

Ce prix Faguet vient récompenser 10 ans de travail, entamés avec un mémoire de licence et parachevés par une thèse de doctorat. «Ça fait du bien d’avoir une reconnaissance, confesse Philipe Geinoz, et cela donne aussi une visibilité au livre».

Philippe Geinoz ne va pourtant pas se reposer sur ses lauriers. Le chercheur a déjà ouvert deux nouveaux chantiers, l’un sur l’œuvre de la romancière romande Catherine Colomb et l’autre sur la présence des Etats-Unis dans la littérature française à la fin du XIXe siècle, un thème qui servira de matière au prochain séminaire qu’il donnera, en 2016, à l’Université de Fribourg. A n’en point douter, comme Picasso et Apollinaire un siècle auparavant, Philippe Geinoz y incitera ses étudiants à renouveler leur lecture du monde.

Liens vers le livre:
Philippe GEINOZ: Relations au travail. Dialogue entre poésie et peinture à l'époque du cubisme. Apollinaire-Picasso-Braque-Gris-Reverdy. ISBN-13 978-2-600-01794-7

Contact:
phgeinoz@gmail.com; 026 422 21 85