12.07.2004

Un géant de la chimie quantique de retour à Fribourg


Pionnier de la chimie quantique, Klaus Ruedenberg était en visite le 8 juillet dernier à l'Université de Fribourg. Ce chercheur réputé, qui vient d'être récompensé par le prestigieux «American Chemical Society Award», a obtenu il y a 60 ans sa licence de chimie dans notre Alma Mater. Le début d'une longue carrière internationale empreinte de succès…

Lors de sa visite à Fribourg, Klaus Ruedenberg s'est exprimé à la Faculté des sciences sur le thème «Localization and Bonding in Quantum Chemistry». Ce professeur émerite de l'Université d'Iowa est l'une des figures dominantes de la chimie quantique mondiale et de la chimie contemporaine. Egalement "senior associate" du prestigieux «Ames Laboratory» - le laboratoire de recherche du ministère de l'énergie des Etats-Unis - il est réputé pour avoir effectué de la recherche fondamentale et innovante dans le domaine de la chimie théorique et computationnelle. Il a contribué de façon significative à l'émergence de la chimie quantique par des développements mathématiques formels ainsi que des méthodes de calcul numérique. Il a en outre implémenté des logiciels pour le calcul de la structure électronique des molécules ou pour l'interprétation conceptuelle des résultats numériques. L'«American Chemical Society Award» récompense ses recherches innovantes caractérisées par leur profondeur, leur originalité et leur impact scientifique. Klaus Ruedenberg a grandi à Bielefeld en Allemagne. Il a obtenu sa licence de chimie à l'Université de Fribourg en 1944. Jugeant les mathématiques et la théorie plus attractives que la synthèse, il a ensuite changé l'orientation de ses études vers la physique théorique pour obtenir en 1950 à l'Université de Zurich un doctorat ès sciences dans la théorie des champs mésoniques, avec le renommée Gregor Wentzel qu'il a finalement suivi à l'Université de Chicago. C'est là que Klaus Ruedenberg est devenu l'un des collaborateurs de Robert S. Mulliken, prix Nobel de chimie théorique vingt ans plus tard. En évoquant cette époque, l'homme aime à rappeler que c'était là l'une des rares places offrant la possibilité de combiner la chimie avec la physique théorique. Et d'ajouter: «La chimie théorique est l'une des invasions de la physique dans la chimie, qui n'aurait sans doute pas été féconde si le formidable développement des ordinateurs électroniques n'avait débuté à cette époque… J'ai eu beaucoup de chance.» Entre-temps, un demi siècle s'est écoulé et Klaus Ruedenberg a fait des émules au sein du Département de chimie de notre Université. Actuellement, pas moins de trois équipes de chercheurs de notre Alma Mater poursuivent des travaux en chimie théorique et computationnelle. L'équipe du professeur Thomas Bally étudie la chimie et la spectroscopie de produits intermédiaires réactifs. Le groupe du professeur Claude Daul fait pour sa part de la modélisation des propriétés magnétiques et photophysiques ou photochimiques de molécules ou de solides ayant sur leur couche de valence des électrons avec un moment cinétique élevé (d ou f). Tandis que Werner Hug s'intéresse à la spectroscopie Raman avec de la lumière circulairement polarisée. Chacune de ces trois équipes utilise de près ou de loin les concepts et des méthodes de calcul basés sur les travaux de Klaus Ruedenberg effectués il y a un demi-siècle. Face à sa brillante carrière, Klaus Ruedenberg reste modeste et répète souvent que «ce que nous finissons par faire est quelque peu accidentel et le fruit du hasard. Nous choisissons parmi les options professionnelles qui s'offrent à nous, celles qui nous fascinent et qui posent des problèmes que nous pensons pouvoir contribuer à résoudre.» Link: http://www-chem.unifr.ch/