C’était un projet de longue date, étudier un semestre en Russie, là où plongent ses racines. A peine arrivée à Saint-Pétersbourg, Diana Olivieri a vu son rêve brisé par l’invasion de l’Ukraine. Faisant preuve de résilience, l’étudiante en droit tente de rebondir en Allemagne.
L’expérience est encore fraîche, mal digérée. Une petite Bérézina, en somme. Cela faisait longtemps que Diana, étudiante tessinoise en droit, couvait le rêve d’aller étudier un semestre en Russie, patrie de sa mère. Après des démarches fastidieuses, débutées en octobre 2020, elle obtient à la dernière minute le sésame tant attendu, celui qui lui ouvre les portes de l’Université de Saint-Pétersbourg. Son ambition: y étudier durant le semestre de printemps et y obtenir un diplôme d’échange, mais, surtout, renouer avec ses racines: «Bien qu’un peu enfouie, la culture russe fait partie de moi depuis mon enfance.»
Voyage en terre (presque) inconnue
Arrivée le 5 février, Diana doit tout d’abord faire face à la rudesse du climat, elle qui manque par deux fois de se casser le coccyx en glissant sur la glace! Grâce à l’aide d’un buddy, un étudiant du lieu qui accueille les étudiant·e·s de mobilité, et des ami·e·s de sa mère, elle prend toutefois rapidement ses marques et, surtout, repère les commerces où elle peut acheter la nourriture qui lui permettra de cuisiner des plats du sud de l’Italie. «La nourriture, c’est ce qui risquait de plus me manquer», se souvient-elle. Elle découvre aussi des distances qui sont à l’échelle du pays. «Chaque jour, je devais voyager durant une heure pour me rendre à la faculté. Je traversais le Tessin, en somme», rigole-t-elle. Diana entame ses cours à la Faculté de droit de l’Université de Saint-Pétersbourg, celle-là même où Poutine a étudié. «Je suivais les cours en anglais, car je ne me sentais pas 100% à l’aise avec le russe, explique-t-elle, j’ai aussi jugé qu’il était plus utile d’étudier le droit international que le droit russe.» L’enseignement la passionne, dont un cours en particulier, intitulé «Global talent management», qui consiste à faire un projet avec la marque Coca Cola.
Et soudain la guerre
Après des semaines de bruissements, la guerre finit par éclater le 24 février. L’Université de Fribourg contacte Diana dès le lendemain pour connaître ses intentions. «Ce sont les sanctions qui ont changé la donne, explique Diana, il devenait de plus en plus difficile de retirer de l’argent. Je ne pouvais pas compter non plus sur mes grands-parents russes qui sont de modestes retraités.» Sur place, elle n’a pas vraiment l’occasion de parler du conflit avec les Russes, ceux-ci se montrant discrets sur le sujet. Décontenancée, sans soutien de l’ambassade suisse, elle se résigne alors à acheter son billet de bus et elle embarque le 1er mars. Au lieu des 6h45 prévues, le voyage jusqu’en Estonie dure 10h30. «A la frontière, c’était la gabegie. Mon passeport a été contrôlé quatre fois, les bagages scannés», raconte-t-elle, encore marquée par cette expérience de la fuite.
Digérer et rebondir
Bien que terminée en queue de poisson, l’expérience russe l’a marquée, et pas que négativement. «J’ai beaucoup apprécié les cours et je suis vraiment déçue d’avoir dû les interrompre si précipitamment. J’aime la Russie, qui est un vrai pays de culture. J’adore les Russes, même s’ils ont un sacré caractère!» Convaincue d’y retourner un jour, Diana essaie pour l’heure de rebondir du côté de Cologne, où elle séjourne depuis le 26 mars. «Je galère pour trouver un appartement, mais je tenais absolument à étudier à l’étranger. Je ne souhaitais pas non plus rester sur un échec», conclut-elle, pleine d’allant.
- Photos: © Diana Olivieri
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