Après un été particulièrement chaud, on nous annonce un hiver des plus rigoureux. Doit-on s’inquiéter pour nos glaciers? Réponse de Reynald Delaloye, professeur en géomorphologie alpine.
Comment nos Alpes gèrent-elles ces écarts de température?
En fait, plutôt bien. Il faut voir le problème avec un peu de recul et examiner la question sur le long terme. Nous venons de procéder à une dernière campagne de mesures dans les Alpes valaisannes avant que la neige ne recouvre tout. Les glaciers rocheux continuent d’avancer de plus en plus rapidement, mais les chaleurs estivales n’ont pas encore eu de réels effets car la montagne a une grande inertie. D’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte. Par exemple, au printemps passé, la neige est restée deux semaines de plus que lors de l’été caniculaire de 2003, et elle a partiellement limité le réchauffement estival du sol. Ce qui signifie que si l’hiver qui arrive est rigoureux, l’excès de chaleur de l’été pourra être compensé.
Où se situe véritablement le problème?
Les régions de pergélisol alpin, où le sol est gelé en permanence, approchent du zéro degré. C’est comme quand on sort de la glace du congélateur. Lorsque la glace se réchauffe, passant de -5°C à -4°C, rien ne se passe ou presque, mais lorsque vous passez de -1°C à 0°C, tout s’accélère. La dynamique de la glace entre dans un régime tout à fait différent.
Quelles en sont les conséquences ?
Les mesures sont formelles, on atteint des vitesses jamais encore observées. Dans une zone du glacier du Jegi, dans la vallée de Saas-Fee, on a enregistré cet été une vitesse de 17 mètres par année, huit fois supérieure aux valeurs de 2010 à 2013. Ces évolutions créent des instabilités en altitude qui se répercutent le long de la montagne jusque dans les vallées, où l’on observe des chutes de pierre ou des laves torrentielles.
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