Du projet estudiantin à la plate-forme innovante

Du projet estudiantin à la plate-forme innovante

Depuis peu, les institutions spécialisées pour adultes du Canton de Fribourg disposent d’une plateforme de présentation de leurs prestations: infri-guide.ch. Un travail d’étudiant·e·s de l’Unifr est à l’origine de cet outil innovant.

S’ancrer dans la réalité pour donner du sens aux travaux d’étudiant·e·s. Une maxime qui existe de longue date dans les branches et les instituts techniques et qui apparaît désormais aussi dans les sciences humaines. La preuve: une plate-forme internet présentant les prestations des institutions spécialisées pour adultes du Canton de Fribourg, www.infri-guide.ch, mise au point grâce à un partenariat entre des étudiant·e·s du Département de pédagogie spécialisée et l’organisation faîtières des institutions (Infri).

«A la base, notre projet était fictif, explique Lisa Genoud, l’une des quatre étudiant·e·s impliqué·e·s. Nous avions imaginé un site internet permettant aux jeunes Valaisans sortant d’une école spécialisée de s’informer sur les possibilités qui s’offraient à eux pour la suite.»

Lors de la défense de ce projet, réalisé en groupe dans le cadre d’un cours sur le travail d’équipe durant le cursus du Bachelor en pédagogie spécialisée, Stéphane Renz, directeur de L’Estampille, à Fribourg, officie comme expert externe. Il se rend tout de suite compte que l’outil proposé répond à un besoin bien réel dans le Canton de Fribourg.

Orianne van den Driessche, Elena Lüthi, Lisa Genoud et Benoît Dubuis ont pu concrétiser leur projet au service des institutions spécialisées du Canton.

Un mandat à la clé
Au vu de son intérêt, l’enseignante Nathalie Quartenoud Marcherel suggère à Stéphane Renz d’amener le projet devant le Comité d’Infri, organisation faîtière des institutions spécialisées fribourgeoises dont fait partie L’Estampille. En parallèle, l’enseignante recontacte également le groupe d’étudiant·e·s afin de savoir qui serait intéressé·e à aller de l’avant au cas où une implémentation réelle de leur projet pouvait voir le jour.

Quatre des sept membres du groupe de travail sont partant·e·s. Une première rencontre est organisée, à la suite de laquelle Infri élabore une proposition concrète, avec un cahier des charge qui co-défini. «On a dû présenter un budget, définir les étapes du projet, le temps nécessaire pour les réaliser… Ce n’était pas évident», se rappelle Elena Lüthi, une autre étudiante.

Elément clé de leur mission: élaborer un questionnaire qui permettent de réunir les informations sur les différentes institutions. «Il s’agissait de connaître les prestations offertes, mais aussi d’uniformiser leur désignation et d’harmoniser les terminologies», détaillent Orianne van den Driessche et Benoît Dubuis, les deux autres étudiant·e·s impliqué·e·s.

«On nous a pris au sérieux»
«Notre enseignante nous a beaucoup soutenu·e·s dans cette phase pour qu’elle s’inscrive dans une démarche scientifique», ajoutent-ils. La pause estivale de 2019 est consacrée aux visites des institutions et à la constitution d’une base de données.

Les étudiant·e·s prennent ensuite part aux différentes réunions, notamment celles avec les informaticien·ne·s et les graphistes, qui ont mené à la création de la plate-forme internet. «C’était assez dingue de mener un tel projet alors que nous étions étudiant·e·s en bachelor, se rappellent-ils. Les professionnel·le·s avec qui nous collaborions nous ont pris au sérieux. Nos avis ont été considérés.»

Plate-forme interactive
Alors qu’il ne devait durer qu’un an, le projet en a pris presque trois pour se concrétiser. La faute à la pandémie de covid,  venue freiner les échanges, mais pas que: «Nous avions probablement sous-estimé la complexité de créer une plate-forme interactive», relève Benoît Dubuis.

Afin de répondre aux besoins de son public cible, le site internet a été conçu pour  s’adapter au profil de la personne qui le consulte. «Il s’agit de la guider dans ce catalogue de prestations, souligne Lisa Genoud. Notre objectif était que les jeunes — et leur famille aussi — connaissent toutes les possibilités offertes dans le Canton et qu’ils ne choisissent pas seulement en fonction de là où une place était libre.»

Afin d’être accessibles au plus grand nombre, infri-guide.ch a été traduit en langage simplifié, sous la houlette de Catherine Charpie de Pro Infirmis. Avant sa mise en ligne en février, cet outil innovant a été testé par des personnes en situation de handicap. «Reste à attendre les retours du terrain», notent les quatre étudiant·e·s, qui se sont désormais éloigné·e·s du projet pour poursuivre leur cursus en master.

Donner du sens permet de motiver

Nathalie Quartenoud, collaboratrice scientifique au Département de pédagogie spécialisée

Le travail de groupe, qui a mené à la plate-forme www.infri-guide.ch, a servi de détonateur dans les pratiques du Département de pédagogie spécialisée. «Nous avons pérennisé le fait de proposer des projets concrets, en partenariat avec des institutions locales, relève Nathalie Quartenoud Macherel. Les étudiant·e·s étaient très demandeurs·euses de cette approche du terrain et les institutions nous sollicitaient aussi régulièrement pour créer des liens.»

La collaboration avec l’organisation faîtière Infri pour ce premier projet a aussi permis d’instaurer un rapport de confiance mutuelle. «Ce partenariat a été exemplaire, note l’enseignante. Les étudiant·e·s ont été mis au centre du projet. Ils n’ont pas été juste des petites mains à qui l’on aurait demandé d’effectuer le travail ingrat. Les directions des institutions se sont beaucoup impliquées et les compétences de chacun·e ont profité à toutes et tous.»

L’enseignante s’est trouvé rassurée dans le rôle de l’institution universitaire: «On a tendance à nous enfermer dans une enveloppe académique. Ce genre de projets nous montre que la vision des un·e·s et des autres peut être très complémentaire. On entre dans quelque chose qui a du sens. Le savoir est directement utile et utilisé. C’est stimulant!»

Dynamique positive
Un troisième projet lié au cours du travail d’équipe vient d’être lancé, en partenariat avec La Colombière, à Misery. «Il n’a pas une portée aussi large que la plate-forme infri-guide.ch, glisse Nathalie Quartenoud Macherel. Mais, pour les étudiant·e·s, partir d’un besoin concret pour imaginer une solution ancre l’apprentissage de la gestion de projet.»

Pour convaincre les nouvelles et nouveaux venu·e·s, les quatre étudiant·e·s qui ont travaillé pour infri-guide.ch ont réalisé une vidéo. Ils y présentent leur projet, y détaillent les défis à relever ainsi que les bénéfices qu’ils ont tiré de cette expérience. «Donner un sens à nos travaux crée une dynamique très positive!»

Quant aux institutions, elles apprécient la fraîcheur de regard et de proposition des étudiant·e·s.

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Author

Sophie Roulin a d’abord exercé sa plume dans les rubriques régionale et magazine du journal La Gruyère, avant de reprendre sa liberté et de devenir indépendante. Ce choix lui permet d’élargir encore son horizon professionnel et de remettre davantage de sciences dans les thématiques abordées. Avant de se tourner vers le journalisme, elle a étudié les géosciences à l’Université de Fribourg.

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