Master en archéologie ou en histoire de l’art

Des étudiantes et des étudiants sur le terrain

Le programme de master du Département d’histoire de l’art et d’archéologie offre une formation spécialisée en histoire de l'art sur une large période chronologique allant de l’archéologie classique à l'histoire de l'art contemporain. Quelle que soit la période de spécialisation choisie, les étudiant·e·s sont incité·e·s à effectuer un stage dans une structure culturelle. Cette expérience les aide en effet à acquérir les outils méthodologiques et analytiques pour une meilleure approche des œuvres d’art.

Témoignages de deux étudiantes

Léonore Chardonnens se spécialise en histoire de l’art des temps modernes et contemporains et a effectué un stage d’une année au Musée d’art et d’histoire (MAHF) de Fribourg, sous la supervision de Monsieur Ivan Mariano.

Aaricia Chèvre s’est spécialisée en archéologie et a effectué un stage de six mois au Site et Musée romains d’Avenches, sous la supervision de Sophie Bärtschi.

  • Comment avez-vous choisi votre période historique de spécialisation puis votre stage ?

    Aaricia : Au début de mes études, j’ai commencé un cursus en psychologie. J’avais pris des softskills en archéologie classique (notamment le cours d’introduction au monde grec). J’ai alors été très rapidement intéressée et captivée par cette période et cette discipline. Une des premières raisons qui m’a poussée à choisir cette période historique, c’est mon amour des mondes grec, romain et égyptien, développé dès l’enfance. Ma fascination pour cette époque venait certainement de films et documentaires sur ces sujets. En m’y penchant de plus près avec les cours et séminaires donnés à l’Université, j’ai pu étudier diverses disciplines parallèles à l’histoire et à l’archéologie (langues anciennes, histoire, archéométrie, chimie, géologie, …) qui permettent d’avoir des connaissances plus approfondies sur cette période. Cette pluridisciplinarité est donc une autre raison pour laquelle j’ai fait ces choix.

    En ce qui concerne mon stage, je voulais premièrement en choisir un en lien avec la période historique que j’ai étudiée à l’Université. Connaissant le site d’Avenches pour sa richesse exceptionnelle (car c’était la capitale suisse dans l’Antiquité), j’ai pensé qu’il serait intéressant d’y travailler. De plus, le Site et Musée romains d’Avenches pratiquent diverses activités allant des fouilles à la mise en exposition des objets en Musée. En effet, en plus des fouilles et de la documentation, le laboratoire restaure et traite les objets. Et les collections effectuent le travail d’inventaire jusqu’au rangement de l’objet dans le dépôt. Certains objets sont ensuite exposés dans le Musée romain d’Avenches. Ils ont également leurs propres publications. Le fait de pouvoir collaborer dans l’entièreté du processus est un grand avantage pour moi, car cela me permet de comprendre le cheminement et d’avoir une conscience plus précise des différentes méthodes, problématiques et collaborations qui peuvent se faire selon les cas.

    Léonore : Mon master explore trois grandes périodes historiques : l'Antiquité, les Temps Modernes et l'Art Contemporain, avec une attention particulière accordée aux deux dernières. Bien que mon choix précis de sujet de maîtrise ne soit pas encore arrêté, il s'orientera vraisemblablement vers une artiste du XXe siècle. Ce siècle me fascine particulièrement, car la création artistique y est presque toujours intrinsèquement liée à des enjeux politiques et historiques majeurs. De plus, sa compréhension me paraît indispensable pour appréhender les dynamiques de l'art contemporain actuel.

    Le Musée d'art et d'histoire de Fribourg offre des expositions riches et variées, couvrant de nombreuses périodes historiques. Y réaliser un stage représentait pour moi une occasion unique d'alimenter ma curiosité pour divers domaines, tout en m'immergeant dans un environnement où passé et présent se rencontrent.

  • Quel est le souvenir le plus marquant de votre stage ?

    Léonore : Je me souviens avoir été marquée par ma visite du dépôt du musée en début de stage. La collection comprend plus de 55'000 objets ! J’ai éprouvé un véritable plaisir à découvrir ces derniers, car il me semble important de connaître l’histoire et la culture de sa région natale. J’ai également beaucoup apprécié suivre le développement d’une exposition du début à la fin, et de pouvoir y apporter ma contribution.

    Aaricia : C’est certainement la découverte de trois remarquables mosaïques, dans un temps très rapproché. En effet, il est très rare d’une part de découvrir des mosaïques, et d’autre part d’en trouver d’une si grande richesse (peu détériorées, avec des décors géométriques et de grandes dimensions). Ayant fait des fouilles en Suisse et en Grèce, il n’est pas fréquent de pouvoir assister à des découvertes de ce type. Il m’a été possible de poser des questions aux fouilleurs, sur le contexte, les matériaux utilisés, la composition, les décors, mais aussi sur la logistique de l’extraction de la mosaïque.

    Communiqué de presse de l’État de Vaud, 21 juin 2024

    Découverte de trois nouvelles mosaïques à Avenches

  • Et qu’est-ce qui a été particulièrement difficile ?

    Aaricia : Je dirais principalement l’adaptation et l’organisation. En effet, il a fallu s’adapter non seulement aux imprévus, qui pouvaient être liés à l’urgence des découvertes et à l’analyse du matériel extrait, mais aussi à des délais (expositions, prêts d’objets, demandes de chercheuses et chercheurs pour l’étude de matériel, etc.). Les horaires varient aussi selon les événements ponctuels (journée vaudoise d’archéologie, journée du patrimoine, passeport vacances, visites pour des classes et particuliers, etc.).

    L’organisation a donc été primordiale. Travailler en tant qu’archéologue, mais plus spécifiquement dans les collections d’Avenches, m’a demandé une certaine rigueur dans mon emploi du temps. Étant un métier polyvalent, diverses tâches doivent être effectuées de manière plus ou moins simultanée : dans mon cas : inventorier ; photographier ; renommer et importer les images ; ranger divers objets ; selon les matériaux (bois, métal, verre, céramique, faune, anthropologie, numismatique, etc.), entrer des résultats dans la base de données ; mais aussi faire un travail de recherche et d’écriture. Dès les premiers jours, j’ai donc noté de manière très méthodique mon avancée pour chaque tâche à accomplir. Le fait de travailler dans différents lieux (dépôt, bureau, musée) demande aussi de l’organisation : il faut penser à prendre l’ordinateur, l’adaptateur, les cahiers correspondants, etc.

    Léonore : En ce qui concerne le stage lui-même, je n'ai rencontré aucune difficulté particulière. Ce qui s’est révélé plus complexe, c’était de jongler entre le stage, les cours, les travaux universitaires et mes autres emplois.

  • Que faites-vous aujourd’hui ? Est-ce que l’expérience du stage vous aide dans votre quotidien ?

    Léonore : Je poursuis actuellement mon master, tout en continuant à travailler au Musée d'art et d'histoire. Ce stage m'a offert une perspective précieuse sur le monde professionnel, et m'a permis non seulement de découvrir les dessous d'un musée, de mettre en pratique mes connaissances sur le terrain, mais aussi d'engager de nombreuses discussions enrichissantes avec des professionnels du milieu.

    Aaricia : Depuis le mois d’août, je suis assistante-diplômée et doctorante en archéologie classique à l’Université de Lausanne. Mon expérience faite à Avenches lors de mon stage est un atout, tout d’abord au niveau de l’organisation dans mon travail, mais aussi pour les connaissances et compétences développées. Le fait d’avoir eu accès à un grand panel de pratiques et d’explications me permettront de développer ma pensée scientifique et mon raisonnement. Avoir adopté un « rythme de travail » avec des heures préétablies seront également un plus.

  • Un rêve ?

    Aaricia : J’aimerais, après mon doctorat, poursuivre des recherches, notamment dans l’archéothanatologie, qui relie l’archéologie et l’anthropologie. J’aimerais aussi pouvoir donner des cours à l’Université : cela me permettrait à la fois de transmettre les connaissances accumulées et d’avoir un aspect social grâce aux interactions faites avec les étudiantes et les étudiants. Par la suite, j’adorerais pouvoir publier des articles ou ouvrages scientifiques, qui seraient l’aboutissement de mes recherches.

  • Et quelque chose à partager avec les newbies ?

    Léonore : Un stage offre, entre autres, l'opportunité de sortir du cadre académique et d'adopter une perspective différente sur notre profession. C'est l'une des raisons pour lesquelles je recommande vivement cette expérience.

    Aaricia : Si vous aussi vous aimez des disciplines qui sont moins valorisées et connues que d’autres, n’ayez pas de préjugés. Faites ce qui vous plaît ! L’archéologie est une discipline polyvalente, qui permet de trouver des emplois dans divers corps de métiers (édition, collection, musée, fouille, journalisme, recherche, etc.) et permet de trouver des stages dans des domaines variés.