Recherches participatives en éducation : perspectives scientifiques et de formation

24e édition du Séminaire du CERF / HEP

Mercredi 16 octobre 2024 de 13h30 à 17h30
HEP|PH FR - Salle A-0.06 (Sadeleer)

Les recherches participatives en éducation soulèvent des questions aussi bien d’ordre épistémologique (comment rendre compte de la réalité du terrain de l’enseignement et agir en retour sur lui ?) que méthodologique (quel outillage et dispositifs permettent la récolte de données, quelle posture de recherche favoriser ?), voire interrogent les applications du savoir produit ainsi que le public auquel s’adresse le champ scientifique (à qui et à quoi la production de savoir en éducation peut-elle et devrait-elle se vouer ?). Pour Desgagné (1997), ses enjeux portent principalement sur trois éléments : « [c]o-construction, production de connaissance et développement professionnel des praticiens, rapprochement entre communauté de recherche et de pratique » (p. 371). En conséquence, les recherches participatives visent à concilier les préoccupations des différents acteurs et à identifier des objets d’investigation communs (Bednarz et al., 2015). Par ailleurs, les réflexions méthodologiques et épistémologiques sur ce type de recherche s’accompagnent de débats, par exemple, sur la finalité de ces recherches : « selon quel(s) cadrage(s) institutionnel(s) et au service de quelle(s) logique(s) politique(s), économique(s), éducative(s) sont-elles (re)commandées ? » (Robbes, 2020), sur les formats de diffusion des résultats (Rullac, 2018) ou plus récemment encore sur la place et le rôle des partenaires de recherche (Godrie, 2021).

Par le biais de présentations de recherches, d’expériences concrètes complémentaires à des apports théoriques, cette nouvelle édition du séminaire du CERF-HEP dédiée à la recherche participative se donne pour objectif de questionner certains de ses enjeux et d’apporter des éléments de réflexion sur son intérêt et les limites lors de sa mise en œuvre dans le champ des sciences de l’éducation et de la formation. Il s’agira de comprendre quels types de savoirs et de pratiques la recherche participative est à même de produire, selon quelles finalités et par quelles modalités relationnelles entre chercheurs·euses et acteurs·ices de terrain.

 

Asloum, N., & Guy, D. (2017). La recherche collaborative en éducation et formation Instrument ou enjeu éthique de la recherche ? Phronesis, 6(1-2), 74-87.

Bednarz, N., Rinaudo, J.-L., & Roditi, É. (2015). La recherche collaborative. Carrefours de l’éducation, 39(1), 171‑184.

 Desgagné, S. (1997). Le concept de recherche collaborative : l’idée d’un rapprochement entre chercheurs universitaires et praticiens enseignants. Revue des Sciences de l’Education, 13(2), 371-393.
https://doi.org/10.7202/031921ar

Godrie, B. (2021). Intégration des usagers et usagères et extractivisme des savoirs expérientiels : une critique ancrée dans le modèle écologique des savoirs dans le champ de la santé mentale. Participations, 20(2), 249-273. https://doi.org/10.3917/parti.030.0249

Robbes, B. (2020). Recherche-action, recherches collaboratives en éducation : une analyse, Distances et médiations des savoirs [En ligne], 29. https://doi.org/10.4000/dms.4707

Rullac, S. (2018). Recherche Action Collaborative en travail social : les enjeux épistémologiques et méthodologiques d’un bricolage scientifique. Pensées plurielles, 48(2), 37-50. https://doi.org/10.3917/pp.048.0037

  • Présentation 1

    VMarie-Claire Rey-Baeriswyl – anc. professeure ord. HES-SO en travail social

    Les recherches-action collaboratives, liens spécifiques entre science et société

    Menées dans divers domaines (urbanisme, travail social, éducation, santé, etc.), les recherches-actions collaboratives, même si elles sont multiples et diverses, présentent des spécificités communes, notamment épistémologiques, méthodologiques, éthiques et politiques. Elles visent à produire des connaissances et du changement. Dans une perspective démocratique de la science, elles donnent une place nouvelle aux acteurs concernés : ils deviennent sujets (et non objets d’étude) et participent au développement de la recherche. Les RAC reconnaissent ainsi des savoirs et des expertises diverses.

    À travers la présentation de quelques RAC, exemples de recherche issus des champs du travail social, la présentation éclairera quelques défis qui se posent ; elle démontrera pourquoi et comment les RAC renouvellent les liens entre science et société.

  • Présentation 2

    Laure Bonnevie, Laetitia Della Bianca, Leyla Fessler, Line Rochat – Le ColLaboratoire, UNIL

    Recherche participative en santé : Récits d’enquête, une présentation à voix multiples

    Dans cette présentation à voix multiples, nous partagerons nos expériences en tant que citoyennes et chercheuses en sciences sociales menant des projets de recherche participative en santé. À travers nos récits, nous aborderons des défis qui marquent le quotidien de nos enquêtes : comment coproduire des connaissances avec des partenaires non académiques ? Comment gérer le rapport au temps dans des projets où les dynamiques de participation exigent une adaptation constante ? Quels formats alternatifs d’écriture collaborative pouvons-nous concevoir ? Qu’implique une conception de l’enquête comme acte de care ? Nous inviterons également les participant·es à s’essayer à un exercice réflexif sur leurs sujets de recherche, en imaginant à quoi pourrait ressembler leur projet en intégrant –ou renforçant– l’implication d’autres personnes que des chercheur·es de profession au cœur de la démarche.

    Cette communication portera sur des exemples concrets de recherches participatives qui ont été menées et qui illustrent les apports et défis des recherches participatives.

  • Présentation 3

    Patrick Roy, professeur HEP ordinaire et doyen de la recherche et développement

    Problématiser la pratique pour construire des points de vue partagés et des savoirs métier sur le processus de conception technique au sein d’une communauté discursive de pratiques professionnelles

    Cette contribution vise à présenter les fondements théorico-méthodologiques et les modalités de mise en œuvre concrètes d’une communauté discursive de pratiques professionnelles (CDPP) (Marlot et Roy, 2020) visant à engager un collectif d’acteurs (chercheurs didacticiens, ingénieurs, collaborateurs pédagogiques et enseignants du primaire) dans une éducation technologique authentique. Par un processus de problématisation de la pratique (Prével, 2018) se déployant à travers une succession d’activités formatives/réflexives, les acteurs sont appelés à coconstruire un arrière-plan partagé (Ligozat & Marlot, 2016) sur le processus de conception technique (PCT) (Cunningham & Kelly, 2017). Les analyses des interactions discursives issues d’un débat d’experts conduit dans la phase de coanalyse des situations d’enseignement-apprentissage montrent le potentiel de cette CDPP pour la construction de points de vue partagés et de savoirs de métier (Brière & Simonet, 2011) sur le PCT.

    Bibliographie

    Brière, F., & Simonet, P. (2021). Développement professionnel et co-construction de savoirs de métier d’étudiants stagiaires dans l’activité conjointe avec le formateur-chercheur : Analyses didactique et clinique de l’activité d’auto-confrontation croisée. Éducation et Didactique15‑1, 49‑76.

    Cunningham, C. M., & Kelly, G. J. (2017). Epistemic practices of engineering for education. Science Education, 101(3), 486‑505.

    Ligozat, F., & Marlot, C. (2016). Un espace interprétatif partagé entre l’enseignant et le didacticien est-il possible ? Développement de séquences d’enseignement scientifique à Genève et en France. In F. Ligozat, M. Charmillot, & A. Muller (Éds.), Le partage des savoirs dans les processus de recherche en éducation (pp. 143‑164). De Boeck Supérieur.

    Prével, S. (2018). Problématiser la pratique enseignante pour mieux la comprendre : Études de cas en sports collectifs à l’école maternelle. Les Sciences de l’Education pour l’Ère Nouvelle, 51(3), 101‑123.

  • Table ronde

    Mise en commun des apports et réflexions développés au fil des interventions sous la forme d’une discussion « à bâtons rompus » entre les intervenant·e·s et les participant·e·s au séminaire.