Publié le 26.04.2024
Quand le système digestif influence le sommeil de l'enfant
Les cycles du sommeil et le développement neurologique des enfants dépendent étroitement des interactions entre le cerveau et l’intestin. Deux chercheuses de l’Université de Fribourg, en collaboration avec des collègues de l’EPFZ et de l’Hôpital de l’enfance de Lucerne, viennent de décrocher une subvention FNS de 2,4 millions pour mieux comprendre ces mécanismes fondamentaux pour la santé des tout-petits.
Depuis quelques années, les interactions complexes entre le système digestif et le cerveau fascinent les chercheuses et chercheurs du monde entier. Ces derniers·ères ont rassemblé de plus en plus d’indices démontrant que le microbiote intestinal, composé de milliards de micro-organismes tels que les bactéries, les virus et les champignons, affecte le développement neurologique, processus évidemment de prime importance chez les nourrissons et les enfants. Mais ce n’est de loin pas tout, car les scientifiques ont également démontré que la flore intestinale influence le sommeil et les fonctions cognitives et ce dès l’âge de 3 mois.
Un processus déterminant chez les enfants
Alors qu’à la naissance, notre système digestif est presque «stérile», il se voit rapidement colonisé par les microbes, en particulier au cours des deux premières années de la vie. Ce processus, lorsqu’il ne se déroule pas de manière optimale, peut occasionner des problèmes de santé à long terme. Chez les prématurés, cela peut se traduire par des problèmes de sommeil et de développement. Or, malgré l'amélioration des soins néonataux, les taux de naissances prématurées ne cessent d'augmenter, du fait notamment des grossesses de plus en plus tardives, de facteurs environnementaux ou d’affections chroniques, tels que l’hypertension ou le diabète. «Il est donc important de trouver des mesures préventives et des thérapies efficaces», expliquent Petra Zimmermann et Salomé Kurth, spécialistes du sommeil des enfants à l’Université de Fribourg. Avec leurs confrères Nicholas Bokulich de l’EPFZ et Martin Stocker de l’Hôpital de l’enfance de Lucerne, elles viennent de démarrer l’étude Napbiome, un projet FNS doté de 2,4 millions de francs.
Trouver le bon équilibre
Le groupe de scientifiques cherchera la meilleure manière de cibler le microbiome intestinal, afin d’améliorer le rythme du sommeil chez les petits enfants. «Nous comptons mener plusieurs expériences au cours desquelles nous administrerons aux enfants des symbiotiques, autrement dit de bonnes bactéries intestinales. Nous examinerons ensuite dans quelle mesure celles-ci améliorent le sommeil et le développement neurologique des enfants nés à terme et prématurés.», explique Petra Zimmermann.
Déroulement de l’étude
Pour qu’elle soit représentative, l’étude portera sur une cohorte d’environ 380 enfants, dont une partie recevra des symbiotiques, tandis que l’autre un placebo. Les parents devront remplir un questionnaire en ligne et collecter les selles de leur progéniture. A l’âge d’un an puis de deux ans, les enfants subiront des évaluations cliniques à l’hôpital, notamment pour réaliser un test de développement et d’allergies.
Trouver le bon cocktail microbiotique
Au terme de cette étude, en août 2028, les chercheuses et chercheurs espèrent pouvoir mieux comprendre comment l’administration de symbiotiques peut, en modifiant la composition du microbiote intestinal, influencer le cycle du sommeil et le développement neurocomportemental des enfants nés prématurément ou à terme. «Nous serons ainsi capables de prendre les meilleures mesures pour que nos enfants évoluent de manière harmonieuse », conclut Salomé Kurth.