Publié le 17.06.2024
Nouvelles méthodes pour réaliser des tests cognitifs sur les singes de laboratoire
Une équipe de recherche du Swiss Non-Human Primates Competence Center for Research de l’Université de Fribourg a mis au point une méthode améliorant nettement le bien-être des singes de laboratoire. Au lieu d’avoir un système d’ancrage implanté sur la surface du crâne pour stabiliser et maintenir la tête lors d’une tâche visuelle, les primates pourront, lors de futures expérimentations, poser leur menton sur un support et marquer des pauses à leur gré. Au cours des deux tests réalisés, les macaques se sont même montrés plus disposés à participer. En plus d’accroître le bien-être animal, cette innovation fournit de meilleures connaissances scientifiques.
L’équipe de recherche dirigée par le Professeur Michael Schmid de l’Université de Fribourg étudie les circuits cérébraux du système visuel afin de comprendre comment nous voyons et comment améliorer la vision de personnes atteintes de maladies de la vue. A cet effet, elle travaille avec des primates non-humains dont les mouvements oculaires sont mesurés avec précision. Dans ce domaine, les macaques rhésus jouent un rôle crucial en raison de la similarité entre leur système visuel et celui de l’être humain.
Une mentonnière à la place d’un système d’encrage
Jusqu’à présent, la méthode classique consistait à implanter un système d’ancrage en titane sur la surface du crâne des primates non-humains afin de stabiliser et maintenir la tête et de pouvoir ainsi obtenir des mesures exactes. Bien que pratiquées de manière à ce que les singes souffrent peu, ces interventions restaient tout de même lourdes, avec des répercussions visuelles fortes et un risque constant d’infection postopératoire.
Ces techniques invasives, qui constituent la norme, cèdent désormais la place à des instruments non invasifs comme des masques faciaux ou des supports de tête. Le but: mieux protéger les animaux tout en tenant compte des considérations éthiques.
Le laboratoire de Michael Schmid dévoile aujourd’hui une nouvelle approche pour la recherche biomédicale sur des primates non-humains: le recours à une mentonnière imprimée en 3D. Déjà utilisée avec des chiens et des humains, celle-ci améliore la finesse des analyses effectuées, accroît la persévérance des singes et renforce la protection animale.
La mentonnière garantit une mesure précise des mouvements oculaires pour des études sur les fonctions cognitives, et permet aux primates non-humains de participer volontairement aux expériences ou de s’en retirer. Cette méthode favorise aussi des pratiques plus éthiques et augmente l’efficacité de l’entraînement en alliant précision scientifique et progrès en matière de protection des animaux.
Des progrès en adéquation avec le principe des 3 R
Conformément à sa déclaration politique sur l’expérimentation animale, l’Université de Fribourg s’engage en faveur d’un traitement éthique des animaux en appliquant systématiquement le principe des 3 R (remplacement, réduction et raffinement). La mentonnière pour primates non-humains, qui est actuellement testée, est un bel exemple de «raffinement», c’est-à-dire d’amélioration du bien-être animal.
«Nous avons été agréablement surpris de voir à quel point la nouvelle approche influait non seulement sur l’implication des animaux, mais aussi sur la précision des mesures des mouvements oculaires», explique Michael Schmid. «Nous espérons que nos résultats encourageront d’autres équipes de recherche à emprunter des voies similaires.»
Cette méthode étant plus économique et moins invasive, elle sera certainement adoptée par des laboratoires d’expérimentation d’autres établissements de recherche. Pour l’Université de Fribourg, il s’agit d’une belle réussite qui prouve que la recherche de pointe et celle sur l’amélioration du bien-être animal ne sont pas opposées, mais complémentaires.
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Publication dans le Journal of Neuroscience Methods
Lien vers une vidéo explicative
Lien vers le SPCCR
Lien vers la Déclaration politique sur l’expérimentation animale à l’Université de Fribourg