28.01.2015
Centre suisse islam et société: le dialogue scientifique est, plus que jamais, nécessaire
Suite à la décision de lancer une initiative contre le Centre suisse islam et société, l’Université de Fribourg appelle à poursuivre le dialogue. Elle souligne son autonomie dans les domaines de l’enseignement et de la recherche et considère que l’échange avec les musulmans représente une contribution aujourd’hui indispensable à une compréhension mutuelle et une intégration réussie.
Le Rectorat de l’Université de Fribourg regrette que les opposants ne soient, jusqu’ici, pas convaincus de l’utilité de la création du Centre suisse islam et société. Inclure les musulmans dans un dialogue scientifique, soumis à des critères qualitatifs de rationalité, accroît, du point de vue de la direction de l’Université, leurs chances d’intégration dans l’espace culturel suisse. L’Université de Fribourg comprend sa volonté d’assumer la responsabilité de ce Centre, désiré et financé par la Confédération, comme une prestation au service de la société suisse et une marque de sa capacité à traiter de questions publiques d’une grande pertinence. A cette fin, l’Université doit pouvoir disposer de son autonomie, qui vient de lui être confirmée dans la nouvelle loi sur l’Université, car elle est la condition sine qua non d’un apport crédible au développement culturel, social et économique de la société.
Analyse, critique et jugement nuancé
Comme le montre la décision prise hier par l’UDC fribourgeoise, le rôle de l’islam dans la société est une thématique aussi émotionnelle qu’actuelle, étroitement liée au phénomène de la migration. Le débat public houleux qui a suivi les attentats de Paris souligne la nécessité d’étudier en profondeur la manière dont la communauté religieuse musulmane se perçoit dans l’histoire et aujourd’hui. Une différenciation subtile des diverses orientations au sein même de l’islam est également fondamentale, car la grande majorité de la communauté musulmane se distancie résolument des islamistes extrémistes. Le Centre suisse islam et société offrira une plateforme favorisant une analyse critique tant de la présence de l’islam dans notre société que des réactions sociales qu’elle suscite. Il contribuera ainsi au développement d’une appréciation exempte de préjugés, une contribution importante à la cohésion sociale suisse. En lui confiant la création de ce Centre, la Confédération reconnaît la compétence, la tradition et l’ouverture de l’Université. Le Rectorat considère également l’attribution de ce mandat comme une distinction particulière pour Fribourg, en tant que lieu de formation universitaire.
Avancée des travaux
Le Centre suisse islam et société a officiellement débuté son travail le 1er janvier 2015 sous la direction du Docteur Hansjörg Schmid, éthicien social, et de son assistante, spécialiste suisse de l’islam. L’attention se focalise, pour le moment, sur la planification de projets scientifiques et l’élaboration de coopérations avec des institutions partenaires.
Le Centre développera trois domaines de travail: la recherche, l’enseignement et la formation continue. La recherche s’intéressera prioritairement à l’analyse interreligieuse et à des questions d’éthique sociale. Au niveau de l’enseignement, un programme doctoral, intitulé «Etudes islamo-théologiques et société suisse», est en préparation et devrait être mis en place dans le courant de l’année 2015. Enfin, dans le domaine de la formation continue, un bilan et une évaluation des besoins seront menés, au niveau suisse, avec le soutien du Secrétariat d’Etat aux migrations.
L’offre du nouveau Centre s’adressera, d’une part, aux personnes de confessions musulmanes, œuvrant dans des communautés islamiques ou les encadrant (moniteurs, employés de bureau ou enseignants dans une mosquée, par exemple), et, de l’autre, à des non-musulmans en contact avec des musulmans dans le cadre de leur travail (par exemple, dans le domaine du travail social, de l’enseignement, d’entreprises, d’administrations ou d’organisations caritatives).
Structure du Centre
Le Centre prend en charge un mandat du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). Il sera accompagné par un groupe de travail, dirigé par le président de la Conférence universitaire suisse, Antonio Loprieno et comprendra des représentants d’administrations fédérales, d’universités, ainsi que des musulmans. Administrativement, le Centre est rattaché à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, mais collabore de manière interdisciplinaire avec les autres facultés. Des coopérations se mettent actuellement en place avec des universités suisses et européennes bénéficiant d’une expérience dans la médiation entre héritage islamique et discours scientifiques européens, comme c’est le cas à Sarajevo depuis le XIXe siècle déjà.
Prochaines étapes
• Au semestre de printemps 2015, lors d’un cours, ouvert également au grand public, le Docteur Hansjörg Schmid abordera, en allemand, le thème de «L’Europe entre communauté de valeurs et topos d’exclusion. Explorations d’une éthique sociale chrétienne et islamique».
• Dès septembre 2015, un professeur invité, qui doit encore être désigné, prendra ses fonctions au sein du Centre.
• Au début du semestre d’automne 2015, le Centre ouvrira officiellement ses portes lors d’une manifestation publique.
• Dès le semestre d’automne 2015, de nouveaux cours seront proposés, par le professeur invité également.
• A partir de 2016, l’offre de formation continue et de colloques débutera officiellement.
Contact
Rectorat: Professeur Guido Vergauwen, guido.vergauwen@unifr.ch, 026 300 70 02
Plus d'infos: http://www.unifr.ch/szig