Médias et pouvoir sur l’opinion09.01.2017
La compétence médiatique, un outil indispensable à la démocratie
Les institutions de formation et les prestataires de service public ont le devoir de renforcer la compétence médiatique de l’ensemble de la population. En effet, les citoyen-ne-s d’une démocratie doivent disposer des connaissances nécessaires pour être en mesure de juger la qualité et la valeur de l’offre journalistique. Ce constat résulte de l’étude «Médias et pouvoir sur l’opinion», menée sous la direction des Professeurs Manuel Puppis et Michael Schenk du Departement für Kommunikationswissenschaft und Medienforschung de l’Université de Fribourg.
En tant que démocratie directe, il est de la plus haute importance sociale pour la Suisse de réfléchir à la profonde transformation des structures médiatiques traditionnelles – c’est en tout cas le postulat de l’étude «Médias et pouvoir sur l’opinion», mandatée par TA-SWISS, le Centre d’évaluation des choix technologiques, et menée par un groupe de chercheurs des Universités de Fribourg, Lausanne et Zurich, dirigé par les Professeurs Manuel Puppis et Michael Schenk. Evaluer et classer, sur la base de critères de pertinence journalistique, des médias indépendants traitant largement d’actualité politique, économique et culturelle permet de mieux saisir la manière dont la population se forge une opinion.
Bouleversé par ses propres règles du jeu
Le paysage médiatique traverse actuellement une profonde mutation structurelle – parmi les éléments déclencheurs, on compte la numérisation et le fait que de nombreux utilisateurs de médias, ainsi qu’une part importante de la publicité ont migré sur Internet. Là, de nouvelles plateformes globales – gratuites pour la plupart – reprennent la transmission des informations en suivant leurs propres règles. Avec pour conséquence un bouleversement des structures médiatiques traditionnelles: diminution des coûts, réductions des ressources en publicité et en personnel, ainsi qu’une concentration croissante du secteur.
Recommandations et résultats
En plus des résultats, l’étude propose des recommandations concernant la relation entre médias et opinion publique:
- Les institutions de formation et les prestataires de service public doivent renforcer la compétence médiatique de l’ensemble de la population. En effet, les citoyen-ne-s d’une démocratie doivent disposer des connaissances nécessaires pour pouvoir juger la qualité et la valeur de l’offre journalistique.
- Même à l’ère d’Internet, les démocraties continuent de dépendre des prestations journalistiques des organisations médiatiques. Pour faire face à la mutation des médias, il est urgent de mettre en place un «programme d’infrastructure pour le journalisme».
- Il est impératif de conserver un prestataire de service public indépendant. Afin d’atteindre un public jeune, il doit être actif en ligne sans restriction et être libre de produire et diffuser des offres vidéos et audio novatrices.
- Tant au niveau du contenu que de la structure, les médias journalistiques doivent renforcer le dialogue avec les citoyen-ne-s.
- L’Etat doit proposer des mesures politiques, afin de garantir un accès aux technologies nécessaires sans discrimination à toutes les organisations médiatiques. C’est là en particulier que la Société suisse de radiodiffusion et télévision SRG SSR, financée par l’argent public, a un rôle de partenaire important à jouer.
- Les médias, et plus particulièrement les «nouveaux» médias, devraient établir un code de conduite excluant la confusion d’intérêts publicitaires et commerciaux et garantissant la transparence des intérêts financiers et des conditions de propriété.
L’étude peut être téléchargée gratuitement
Résumé et autres informations concernant le projet