31.10.2006
Des chercheurs identifient le gène de la faim
Fribourg, le 31 octobre 2006. L’estomac gronde, la température du corps augmente, le malaise s’installe. Une équipe de chercheurs de l’Université de Fribourg et de l’Université Louis Pasteur de Strasbourg a découvert le gène responsable de la diffusion des signaux de la faim avant les repas. Ces nouveaux résultats viennent d’être publiés dans le très renommé magazine scientifique «Current Biology».
Dans leur dernier projet de recherche, Urs Albrecht, professeur de biochimie à l'Université de Fribourg, et Etienne Challet, de l"Université Louis Pasteur, ont découvert qu’une seule mutation de gènes chez les souris conduit à la disparition complète de la capacité à prévoir les temps de repas. Grâce à ces expériences effectuées durant plus de deux ans, les chercheurs ont pu démontrer pour la première fois qu’un gène actif dans tout le corps et dans différentes régions du cerveau est responsable de cette prédiction, respectivement de la notion du temps. Ils ont également réussi non seulement à diminuer les signaux de la faim, mais à les éliminer complètement. Le gène «Per 2», qui régule ces processus corporels avant la prise de nourriture, est un gène clé pour l’organisme. Ces nouvelles constatations sur la synchronisation des heures de repas et les réactions physiques constituent une base très prometteuse dans la perspective de thérapies contre le surpoids, les problèmes de sommeil, les dépressions ou l’alcoolisme.
Les inconvénients de la concurrence et ses conséquences fatales
Alors que des souris de laboratoire, dont l’heure de repas est fixée à 10 heures du matin, deviennent actives quelques minutes avant la distribution du repas, recherchent de leur propre initiative la source de nourriture et présentent une température du corps plus élevée - en bref préparent tout leur organisme à la prise d’aliments –, les souris avec le gène «Per 2» défectueux restent d’abord passives. L’activité apparaît seulement lorsqu’elles reçoivent effectivement leur repas. «La notion du temps est absolument centrale pour la stratégie de survie dans un environnement compétitif», explique le biochimiste Urs Albrecht. Pour les animaux à l’état sauvage, la capacité à prévoir la pâture est souvent une question de vie ou de mort. Avant qu’un animal muté remarque qu’il a faim, ses congénères sains ont depuis longtemps consommé les aliments.
Survivre dans les conditions les plus difficiles grâce à «Per 2»
Le gène «Per 2», que le Prof. Urs Albrecht a découvert en 1997 lors d’un séjour de recherche aux Etats-Unis, est très important, en particulier pour l’adaptation de l’organisme aux changements tels que la température ou le cycle du jour et de la nuit. Grâce à «Per 2», l’horloge interne aussi est en mesure de s’adapter, par exemple lors d’un vol de Zurich en Chine. A l’aide des souris présentant le gène «Per 2» défectueux, l’équipe des chercheurs fribourgeois a pu démontrer il y a quelques années qu’une horloge interne déréglée – par exemple lors du travail de nuit ou d’un jetlag – a pour conséquence un besoin plus important d’alcool. Le gène «Per 2» pourrait également avoir une influence indirecte sur le poids corporel, comme le suppose le Prof. Urs Albrecht.
Contact : Urs Albrecht, Département de médecine, tél. 026 300 86 36, urs.albrecht@unifr.ch
Source : Service Communication & Marketing, tél. 026 300 70 34, marcom@unifr.ch