11.09.2006
Etude sur la féminisation des noms
Contrairement à ce qu'affirme l'Académie française, la féminisation du langage n'alourdit pas un texte. Après un petit temps d'adaptation, il est possible de lire à une vitesse normale les «avocates et les avocats» ou «les avocat-e-s». Telle est la conclusion d'une étude de chercheuses et chercheurs en psycholinguistique de l'Université de Fribourg, intitulée «Lourdeur de texte et féminisation: une réponse à l'Académie française».
Selon la célèbre institution fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu, «il est inutile, pour désigner un groupe de personnes composé d'hommes et de femmes, de répéter le même substantif ou le même pronom au féminin puis au masculin». L'Académie recommande également d'éviter l'usage de barres obliques ou de parenthèses pour signifier le féminin (écrire par exemple «les adhérent(e)s»).
Au singulier, lorsque le masculin revêt un sens générique, de telles surcharges n'apportent aucune information supplémentaire et gênent considérablement la lecture, affirme encore l'Académie sur son site Internet. «C'est peut-être lourd, mais on s'y habitue très vite», rétorque Pascal Gygax, du Département de psychologie de l'Université de Fribourg. Selon les résultats de ses recherches, l"habituation à la forme grammaticale épicène ou féminine est très rapide et entraîne une lecture tout à fait normale.
Une représentation plus équilibrée et équitable
Pour le prouver, il a fait lire à vingt étudiantes et vingt étudiants cinq textes mettant en scène cinq métiers et rédigés de quatre manières différentes: «les maçons», «les maçonnes», «les maçon-ne-s» et «les maçons ou les maçonnes». Il en ressort que si la lecture de la première phrase rédigée sous forme féminine ou épicène est effectivement ralentie, dès la seconde elle redevient normale.
Par ailleurs aucune différence significative due à la forme grammaticale des noms de métiers n’a été trouvée, suggérant que la féminisation des noms de métiers n’a pas d’influence sur la valorisation des noms de métiers. A noter tout de même que les participantes de l’étude ont évalué, de manière générale, les métiers présentés comme étant plus difficiles que les participants (physiquement et mentalement).
Les chercheurs fribourgeois ont donc conclu que la féminisation ne pose pas de problème, ni à la lecture (lourdeur des textes), ni à la valorisation des noms de métiers, contrairement à l’Académie française. Ils estiment par ailleurs que ce traitement de l’information est indispensable à une représentation plus équilibrée et égalitaire de notre société.