05.09.2006
Nouvelle technique pour prévenir les allergies
Fribourg, le 5 septembre 2006. Caractérisée par des émissions de pollen extrêmement abondantes à la fin de l’été, l’ambroisie est une plante fortement allergisante qui se répand maintenant à travers l’Europe. Afin de prévenir les personnes allergiques, le Département de géosciences de l’Université de Fribourg a effectué des simulations numériques tout à fait innovantes permettant de mieux comprendre comment les conditions météorologiques influencent la diffusion du pollen dans l’air.
Les allergies respiratoires ne cessent d'augmenter partout dans le monde au même titre que les coûts y associés. Le pollen de l"ambroisie est l’une des sources potentielles, reconnue pour ses propriétés fortement allergisantes. Originaire d’Amérique, cette plante a fait son apparition sur le Vieux Continent au cours du siècle dernier. Sa pollinisation dure cinq à six semaines, d’août à septembre.
Compter les grains de pollen
Rattachée au groupe Climat de l’Unité de géographie du Département de géosciences de l’Université de Fribourg, Joëlle Goyette-Pernot a étudié le pollen de l’ambroisie dans sa thèse de doctorat en géographie physique qu’elle vient de terminer. Son but : comprendre l’évolution du nuage pollinique en pleine saison de pollinisation et développer des moyens permettant d’analyser la dispersion du pollen à plus fine échelle, aussi bien spatiale que temporelle. La grande région de Montréal au Québec connaît tous les ans de sérieux cas de pollinoses et constitue la région test de la thèse, à la fois pour des questions de collaboration avec une équipe de chercheurs de l’Université du Québec et pour la disponibilité et l’accessibilité à des bases de données de longue durée de concentrations polliniques. Dans un premier temps, la scientifique a ainsi analysé des relevés effectués en divers sites de mesures répartis sur la région étudiée. Les échantillons d’air ont ensuite été traités afin d’identifier et dénombrer au microscope la concentration de pollen dans l’air et mettre ces mesures en relation avec les conditions météorologiques. Dans la seconde phase de sa recherche, Joëlle Goyette-Pernot a simulé la dispersion du pollen de l’ambroisie à l’aide d’un modèle numérique de grande complexité, s’apparentant à un modèle météorologique auquel elle a joint un module «Pollen» pour réaliser ces simulations.
Un instrument extrêmement précis
Conçu au départ pour étudier le climat et ses variations, ce modèle est capable de simuler l’évolution des conditions atmosphériques sur une région donnée. Il intègre différents paramètres, tels que la température, l’humidité, le vent, la pression, les nuages ou les paramètres radiatifs, qu’il combine selon les lois de la physique et de la dynamique de l’atmosphère. Dans la version utilisée dans le cadre de cette recherche, le pollen s’apparente à un traceur passif. Par ailleurs, une méthode par emboîtement multiple permet de simuler le comportement du nuage pollinique de l’ambroisie et les variations de sa concentration dans le temps et l’espace avec une résolution de 1 km. Les résultats sont sauvegardés toutes les 15 minutes, ce qui confère l’énorme avantage de pouvoir étudier l’évolution spatio-temporelle du nuage avec une précision jusqu’alors impossible ,avec la seule observation sur le terrain et les techniques d’échantillonnage habituellement disponibles. «Certes il existe déjà une 'météo du pollen’, mais au lieu de dire ‘on peut s’attendre à telle évolution dans telle ou telle ville’, la technique développée devrait nous permettre de générer une cartographie du risque pour une région donnée et sous des conditions de temps particulières», explique la chercheuse. Le nouvel outil permet par ailleurs d’analyser et de comprendre comment se comporte le pollen dans les différentes couches de l’atmosphère. Si elle est stable, le pollen a plus de risques de se trouver «coincé» en grande quantité dans les bas niveaux; alors que si l’atmosphère est au contraire instable, le pollen va pouvoir se diffuser dans un plus grand volume d’air et potentiellement voyager sur de plus longues distances. La présence d’un cours d’eau joue également un rôle important sur le développement du nuage suivant le moment de la journée.
Une cartographie des risques pour le bassin genevois ?
Les résultats obtenus jusqu’à présent sont tout à fait encourageants. Bien que nécessitant encore quelques ajustements afin de bien comparer les mesures entre ce qui est simulé par le modèle et ce qui est effectivement respiré sur le terrain par les individus, ils ouvrent une voie de recherche nouvelle pour l’aérobiologie. Ils présentent également un potentiel d’avenir non négligeable, notamment au niveau des applications dans le domaine médical : «Ces résultats devraient intéresser le corps médical car ils contribueront à une meilleure information et prévention auprès des patients allergiques», estime Joëlle Goyette-Pernot. Dans un futur proche, la scientifique va consacrer ses recherches à l’évolution des pollens en Suisse, en particulier dans la région de Genève. Cette dernière connaît en effet depuis plusieurs années déjà des intrusions de pollen et de plants d’ambroisie.
Contact : Joëlle Goyette-Pernot, Unité de géographie du Département de géosciences de l’Université de Fribourg, tél. +41 (0)26 300 90 27
joelle.goyette@unifr.ch
Source : Service Communication & Marketing, tél. +41 (0)26 300 70 34, marcom@unifr.ch