15.02.2005

La Suisse : 74% trop chère


Selon une étude du Prof. Reiner Eichenberger (Département d'économie politique à l'Université de Fribourg), son assistante Shauna Selvarajah et la psychologue Sandra Keller, les gammes de produits bon marché dans les supermarchés suisses sont en moyenne 74% plus chers que les produits proposés en Allemagne par Aldi.

Les différences sont particulièrement importantes dans les assortiments directement touchés par la politique agricole et la régulation étatique. Ainsi les pommes de terre affichent un prix 338% plus élevé que leurs homologues proposées en Allemagne chez Aldi. Quant à la farine, elle est vendue 210% plus chère, l'huile 153%. Ces différences de prix démontrent la faiblesse du jeu de la concurrence dans certains domaines. Les différences de prix diminuent légèrement au rayon des produits transformés. Ainsi le client M-Budget (Migros) paie pour des spaghettis 56% de plus qu'un client Aldi. L'industrie transformatrice profite également des prix de base élevés. A titre d'exemple, les frites des gammes à bon prix s'avèrent jusqu'à 380% plus chères en Suisse qu'en Allemagne, et les chips jusqu'à 196%. Si les taxes douanières et la limitation des importations parallèles influent sur les prix, il existe en Suisse des cas qui prouvent que lorsque les marchés se font réellement concurrence les produits peuvent être proposés à des prix défiant toute comparaison. Ainsi le bain de mousse de la ligne M-Budget se vend 38% meilleur marché que le produit proposé par Aldi. Même topo pour le papier d'alu et les brosses à dent qui s'avèrent 17% respectivement 13% meilleur marché en Suisse. L'argument des distributeurs suisses pour justifier leur prix surfaits - selon lequel la palette des produits proposés serait plus large que chez Aldi - ne tient pas la route. En ce qui concerne les produits à bas prix, la chaîne allemande propose en effet un assortiment trois fois plus important. Les différences de salaire n'expliquent pas non plus ces différences. Les salaires sont en effet proportionnellement plus élevés en Allemagne qu'en Suisse. Prétendre que la qualité suisse serait meilleure ne constitue également pas une opinion fondée : les produits Aldi n'ont aucun mal à bien se placer dans les tests de qualité. Avec l'arrivée des harddiscounter allemands ainsi que la concurrence que se livrent Migros et Coop avec leurs gammes à bas prix, il apparaît clair que les structures du marché suisse vont se modifier et imposer certaines diminutions de prix. Depuis le début de 2005, la différence de prix entre les produits M-Budget et ceux d'Aldi a d'ailleurs déjà passé de 77 à 74%. Mais dans deux à trois ans - lorsque toutes les possibilités relativement simples de faire diminuer les prix auront été épuisées - les prix suisses seront malgré tout toujours plus élevés que les prix allemands. C'est alors que les politiciens, les groupes d'intérêt ainsi que les producteurs et les importateurs devront faire face aux exigences des consommateurs suisses qui n'accepteront sans doute plus de telles différences. Contact: Prof. Reiner Eichenberger, http://www.unifr.ch/finwiss/