25.01.2005

Moins de châtiments corporels envers les enfants


Les parents suisses ont moins recours aux châtiments corporels qu'il y a quinze ans. C'est ce que démontre une étude réalisée à l'Université de Fribourg par Meinrad Perrez - Prof de psychologie - et son collaborateur scientifique Dominik Schöbi.

Malgré cette diminution de la violence familiale, plus de 35 000 enfants jusqu'à 2 ans et demi reçoivent «de temps en temps» à «très souvent» une fessée. Par ailleurs, plus de 13 000 bambins jusqu'à deux ans et demi se sont fait gifler, près de 18 000 tirer les cheveux, et environ 1700 battre avec des objets. En ce qui concerne les mineurs au-dessous de 16 ans, plus de 13 000 d'entre eux ont été tirés par les cheveux ou ont reçu «au moins quelques fois» des gifles. Par rapport à 1990, date de la première étude représentative sur la violence familiale en Suisse, la sensibilité à l'égard des punitions a changé. La proportion de parents n'ayant jamais frappé leurs enfants a doublé, passant de 13,2% en 1990 à 26, 4% en 2004. Davantage de maltraitance envers les plus jeunes De manière générale, plus les enfants sont jeunes, plus ils encourent des châtiments corporels. En pourcentage, la tranche d'âge la plus malmenée est celle des enfants entre deux ans et demi et quatre ans. Viennent ensuite les petits de moins de deux ans et demi. La cause la plus fréquente de punition est la désobéissance sous toutes ses formes. Or, selon les auteurs de l'étude, il est impossible d'exiger une obéissance totale de la part de petits enfants, si l'on tient compte de leur développement psychologique. La réprimande (89,2%) s'avère toujours la marque de colère préférée des parents, les mères en tête, les pères lui préférant les menaces de coups et les interdictions. Une tendance au chantage affectif est aussi constatée, surtout chez les mères. 1240 parents interrogés L'étude, commandée par l'Office fédéral des assurances sociales en 2003, se base sur les réponses écrites de 1240 parents, originaires de tous les cantons. Il en ressort notamment que ceux qui ont recours à la punition physique se recrutent essentiellement parmi les parents qui ont eux-mêmes été corrigés de cette façon pendant leur enfance. L'étude a également mis en évidence le fait que les parents jeunes ont davantage tendance à porter la main sur leur progéniture que les pères ou les mères plus agés. Les parents de Suisse romande apparaissent par ailleurs plus stricts que les Alémaniques. Au vu de ces chiffres, les scientifiques fribourgeois insistent sur la nécessité de mettre en place des mesures préventives contre la violence familiale: «les châtiments corporels touchent l'intégrité physique et psychique des enfants. Plus ils sont jeunes, plus ils sont vulnérables.» «Bestrafungsverhalten von Erziehungsberechtigten in der Schweiz», analyse comparative 1990/2004, Dominik Schöbi (dominik.schoebi@unifr.ch) & Prof. Meinrad Perrez (meinrad.perrez@unifr.ch), Université de Fribourg.