10.02.2010

Des milliers de jeunes quittent l'école en 8e année


Des milliers de jeunes interrompent leur scolarité prématurément, en cours de huitième année, et il ne s'agit pas que de mauvais élèves ou de rebelles, comme le montre une étude de l'Université de Fribourg. L’équipe de recherche de la Prof. Margrit Stamm (sciences de l’éducation) a identifié quatre types d’élèves concernés : les marginaux (13%), ceux qui se trouvent en situation d’échec scolaire (25%), les cancres ou fatigués de l’école (25%) et les rebelles (34%). Il s’agit de garcons dans 60% à 70% des cas. Signe que le sujet est tabou, certaines écoles ont omis de fournir les chiffres souhaités.



L'équipe de Margrit Stamm, du Département des sciences de l'éducation, a interrogé 4500 élèves de 8e année dans onze cantons. L'année suivante, les écoles étaient priées de signaler aux chercheurs le nombre d'élèves ayant interrompu leur scolarité. Résultat: environ 2%.

Sur la base de ces chiffres, le professeur Stamm estime que ce sont pas moins de 5000 élèves qui jettent l'éponge prématurément chaque année en Suisse. Il s'agit de garçons dans 60% à 70% des cas.

La chercheuse affirme disposer d'indices clairs montrant que certaines écoles ont omis de fournir les chiffres souhaités. C'est que le sujet est tabou: «Comme l'école est obligatoire pour tous, les élèves n'ont en principe pas le droit de la quitter prématurément», souligne-t-elle.

Quatre types

Les scientifiques ont questionné plus précisément 61 des élèves en rupture. Constat étonnant, ce ne sont pas que des mauvais élèves ou des rebelles qui interrompent leur scolarité, selon ces travaux publiés dans la revue «Die Deutsche Schule».
La Prof. Stamm a identifié quatre types d'élèves concernés: les marginaux (13%), ceux qui se trouvent en situation d'échec scolaire (28%), les cancres ou fatigués de l'école (25%) et les rebelles (34%). Les marginaux et les cancres en particulier ont en partie des notes suffisantes, voire passables.

De ce point de vue, les deux autres catégories sont plus faibles. Mais les élèves en situation d'échec ne dérangent guère l'enseignement, notent les chercheurs.

Responsabilité des écoles

La Prof. Stamm se dit surprise de l'hétérogénéité des élèves touchés. Il s'agira d'en tenir compte dans la prévention de ces départs prématurés et de ne pas mettre tous les écoliers dans le même panier. Selon la spécialiste, il faut élaborer des stratégies différenciées et surtout, précoces.

De nombreux écoliers manifestent en effet déjà leur lassitude à l'école enfantine. Margrit Stamm entend maintenant élaborer un catalogue de mesures, car l'école est aussi en cause, selon elle.

Le problème le plus fréquent des élèves en rupture n'est pas leurs mauvaises performances, mais la relation avec le maître et les autres écoliers. Certains s'en trouvent véritablement dégoûtés de l'école.

Coûts sociaux

Il s'agit par conséquent de trouver des idées sur la manière dont les écoles pourraient soutenir les enseignants confrontés à ces élèves difficiles. Car pour ces derniers, les perspectives sont sombres: ils se retrouvent plus fréquemment que la moyenne au chômage, à l'aide sociale, dans la délinquance ou souffrant de problèmes de santé. Et les étrangers encore davantage.

Une étude sur les coûts engendrés par cette problématique est en cours en collaboration avec la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse. Si l'on tient compte de l'investissement scolaire et des coûts sociaux à charge des pouvoirs publics, les chiffres atteignent déjà plusieurs centaines de millions de francs par année. Sans parler des éventuels cours de rattrapage ou écoles privées visant à faire reprendre pied à ces jeunes.