Publié le 14.03.2023
La participation du Dr Eric Pohl dans le projet Horizon Europe WE-ACT
Dr. Eric Pohl est chercheur principal au sein du groupe "Cryosphère alpine et Géomorphologie" du département des géosciences de l'UNIFR. En tant que géo-écologiste, il s'intéresse à l'eau: d'où elle vient (eaux de fonte, précipitations) et comment elle est distribuée sur la terre. Il a souvent travaillé au Kirghizstan et au Tadjikistan, en Asie centrale, pour suivre et mesurer les eaux de fonte de différents glaciers. C'est cet axe de recherche et cette expérience sur le terrain, associés à ceux de ses collègues, notamment Martina Barandun, Tomas Saks et Martin Hölzle, qui ont conduit l'Université de Fribourg à s'impliquer dans le projet "WE-ACT" d'Horizon Europe. Ce projet de quatre ans implique 13 institutions différentes, des ONG et des PME à travers l'Europe et l'Asie centrale. Il s'attaquera à un problème crucial pour les régions montagneuses d'Asie centrale qui doivent faire face aux conséquences du changement climatique en cours : comment répartir des ressources en eau souvent rares à l'intérieur et au-delà des frontières dans les bassins fluviaux d'Asie centrale alimentés par les glaciers et la neige ? Quelles quantités doivent être consacrées à l'hydroélectricité et quelles quantités doivent être consacrées à l'irrigation ? Les partenaires du projet fourniront notamment un système d'aide à la décision (DSS) fiable et intuitif qui permettra d'allouer l'eau aux secteurs qui en ont le plus besoin, réduisant ainsi le stress hydrique pour les communautés, l'économie et l'environnement à court et à long terme.
Pour construire un tel système et maintenir son efficacité, il faut des données fiables provenant d'une surveillance en temps réel. C'est l'épine dorsale du projet, le premier «work package» sur lequel tous les autres s'appuieront, et celui dans lequel le Dr. Pohl sera impliqué. En effet, il connaît très bien l'importance de la collecte de données et les difficultés qui y sont liées. L'un de ces problèmes est la perte potentielle d'instruments et de données en raison d'événements survenus sur place. Avant ce projet, M. Pohl devait retourner chaque année aux instruments qu'il avait installés à partir de 2019 sur les sites de terrain montagneux d'Asie centrale afin de récupérer les petites boîtes qui contenaient les données de l'année précédente. L'été dernier, en raison d'une modification du cours d'une rivière, les instruments de l'un de ces sites ont été perdus, ainsi qu'une année de données. La perte de données est évidemment très frustrante pour un scientifique qui a besoin de ces données pour mener ses recherches, et le financement du projet de l'UE, qui permet d'acquérir de nouveaux équipements qui assureront une surveillance en temps quasi réel ou une installation permanente robuste, est une aubaine à cet égard. Il ne devrait plus être nécessaire de se rendre régulièrement sur un site ou de se demander si les instruments se trouveront toujours à l'endroit où ils ont été installés. À long terme, cela devrait également résoudre l'une des questions les plus compliquées, à savoir espérer qu'un nombre suffisant d'ânes soient disponibles à chaque fois pour transporter les instruments. Le Dr. Pohl confie que la logistique des ânes peut être éprouvante pour les nerfs, car les ânes sont très recherchés et constituent une nécessité non négociable dont dépend le succès du travail. Leur disponibilité doit être planifiée avant l'arrivée avec les populations locales qui sont souvent difficiles à contacter.
En outre, des données en temps réel et plus complètes permettront des prévisions beaucoup plus précises à long terme. L'idée du DSS est de combiner toutes les sources de données disponibles avec des calculs provenant de modèles numériques hydrologiques et de demande en eau, en utilisant des routines d'apprentissage automatique (intelligence artificielle) en tenant compte des besoins des acteurs du secteur de l'eau aux niveaux régionaux et locaux. En fin de compte, cette nouvelle interconnexion de données et de méthodes permettra de prendre les bonnes décisions concernant l'allocation de l'eau le plus tôt possible afin d'adopter la meilleure stratégie d'allocation. Le DSS identifiera une telle stratégie grâce à l'entraînement sur toutes les informations avec l'apprentissage automatique, déjà par le biais de certaines mesures des conditions météorologiques comme la neige ou les précipitations, à travers la mesure du ruissellement des glaciers, le niveau d'eau d'un réservoir ou d'une rivière.
Grâce à ce projet, il sera plus facile de comprendre et de prévoir l'approvisionnement variable en eau des deux fleuves transfrontaliers Syr Darya et Amu Daryain au Kirghizistan et au Tadjikistan. Le système de gestion de l'eau qui résultera de cette recherche permettra d'améliorer le système de répartition de l'eau, ce qui pourrait atténuer les tensions politiques et économiques transfrontalières.
Vous souhaitez participer à un projet collaboratif d'Horizon Europe ? Le Service Promotion Recherche se fera un plaisir de vous aider dans cette démarche.