Publié le 24.11.2020
Partager ses expériences en optogénétique pour développer de nouvelles thérapies neurologiques
Plus de quarante-cinq laboratoires ayant recours à l'optogénétique, une technique combinant l'optique et la génétique, se sont alliés pour créer une base de données communes. Plusieurs scientifiques, dont Michael Schmid de l'Unifr, y partagent leurs succès et leurs échecs dans un but, celui d'améliorer le traitement des maladies du cerveau.
Les maladies neurologiques comme l’épilepsie, Alzheimer ou Parkinson sont souvent provoquées par des neurones trop ou pas assez actifs. L’optogénétique constitue une piste de traitement prometteuse pour cibler ces neurones. Il s'agit d'une forme de thérapie génique qui permet à des virus couramment utilisés d'introduire de nouveaux gènes dans des cellules cibles spécifiques, rendant ces dernières sensibles à la lumière. Ces cellules peuvent ainsi être activées au moyen d'un laser ou d'une lumière LED. De la même manière, en introduisant ces gènes dans le cerveau de patients souffrant de maladies neurologiques, les chercheurs espèrent pouvoir activer ou désactiver des neurones précis, permettant ainsi un meilleur contrôle des maladies qu'avec les méthodes traditionnelles. «Nous menons diverses études dans le but d'améliorer les performances visuelles chez des patients atteints de déficience de la vue, explique Michael Schmid, chercheur à l’Université de Fribourg, mais avant de faire des tests sur des humains, nos méthodes doivent être testées sur des animaux de laboratoire, des macaques en l'occurrence. Nous devons être certain que le traitement fonctionne bien et sans effets indésirables».
Une base de données sur l'efficacité des méthodes optogénétiques
L’optogénétique est utilisée avec beaucoup de succès chez les rongeurs depuis un certain temps, mais elle s'avère plus difficile à mettre en œuvre avec des animaux plus complexes comme les singes et les humains. De nombreux essais échouent et ne sont jamais publiés. «Comme les journaux scientifiques ne publient souvent que les essais qui ont réussi, les chercheurs risquent de rééditer, sans le savoir, des expériences qui ont déjà échoué dans d’autres laboratoires», déplore Michael Schmid. Pour remédier à ce problème, des chercheurs de plus de 45 laboratoires dans le monde se sont alliés pour créer une nouvelle base de données: «On y trouve leurs réussites dans le ciblage de régions spécifiques du cerveau, leurs conseils sur les types de virus et autres aspects méthodologiques, mais aussi leurs échecs, ce qui évitera de commettre les mêmes erreurs. J'en suis convaincu: cette base de données internationale permettra également de réduire le nombre déjà très limité d'animaux utilisés dans la recherche et marque une étape importante pour la poursuite du développement clinique de l'optogénétique», conclut Schmid.
La base de données a été rendue publique le 19 octobre avec une publication dans la revue scientifique Neuron. Les chercheurs espèrent convaincre encore d’avantage de laboratoires de rejoindre leur initiative internationale, afin de faire progresser les méthodes optogénétiques pour traiter le cerveau.