Parmi d'autres, le rapport Sauvé de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Église) en France a manifesté l'ampleur effroyable de ces abus, s'est efforcé de comprendre ce qui a pu les favoriser et a émis à ce sujet des recommandations. Dans cette perspective il s'est interrogé sur ce qui a conduit à ignorer les victimes, d'une ignorance pas nécessairement voulue mais pas pour autant excusable, car certaines omissions sont assurément coupables. La question du secret ainsi émergé, à propos notamment du secret de confession mais aussi de l'accompagnement spirituel et des abus de pouvoir d'adultes ayant autorité. Il semble que la doctrine commune à ce sujet n'envisage généralement le secret que sous forme de relation duelle entre celui qui se confie dans le cadre du secret et celui à qui on se confie. Cette manière d'envisager le secret manifeste une méconnaissance du tiers, à savoir que le secret peut impliquer un tiers et lui porter gravement préjudice, comme c'est le cas de ces victimes d’abus.
Ce manque ou cette occultation invitent à une investigation pluridisciplinaire en vue d'un discernement éthique. Car il ne s'agit pas plus de répudier le secret comme tel que de le sanctuariser de manière intangible : il s'agit d'aller regarder en quoi méconnaître le tiers ou le prendre en compte affecte ce discernement et par suite le comportement moral. À des enseignant.e.s de la Faculté de théologie s'adjoignent dans cette recherche des professionnels affrontant la difficulté du secret dans la société, tant civile que religieuse.