Publié le 12.06.2024

Des pierres qui disent la foi


Des lieux pour proposer la foi aujourd’hui ?

Journées d’étude organisées par l’institut de sciences liturgiques avec la participation de Bert Daelemans (Madrid-Leuwen), Charles Desjobert (La Tourette, Paris), Gilles Drouin (Paris), Stefan Kopp (München), Giuseppe Midilli (Rome), Pawel Sambor (Rome), Julien Sauvé (Paris), Michel Steinmetz (Fribourg), Johannes Stückelberger (Bern-Basel), Paolo Tomatis (Turin-Padoue), et de Jean-Marie Duthilleul (architecte, Paris).

La question des lieux de culte, et plus spécifiquement des églises, prend de nos jours une acuité nouvelle. La baisse de la pratique religieuse, la diminution des effectifs ecclésiastiques, la sécularisation de la société et les scandales émanant de l’Église sont autant de facteurs qui amènent à s’interroger sur l’avenir d’un nombre important de bâtiments jusqu’alors affectés au culte. Comment assurer leur entretien dans les années à venir ? Et pourquoi les entretenir si on ne devait plus y célébrer ?

Par contre, dans un mouvement corolaire et à première vue paradoxale, on distingue chez nos contemporains une quête de sacré et de transcendance que l’on peine à définir ou, tout du moins, à analyser selon nos herméneutiques habituelles. On l’a vu en France ce printemps avec l’afflux de catéchumènes, témoignant que le patrimoine religieux avaient été, pour beaucoup, décisif dans leurs parcours vers le baptême.

Il convient donc de prendre à bras le corps la question, sans anticiper une crise dont on peine, de toute façon, à mesurer et l’impact et l’ampleur. Par contre, cette interrogation réelle et nécessaire pourrait être le lieu d’un discernement pluriel. De quels édifices ont aujourd’hui besoin à la fois les communautés chrétiennes et ces personnes en quête spirituelle ? En quoi les églises pourraient-elles des lieux de proposition de foi chrétienne et de vie évangélique ? Ce fut le sujet des récentes journées d’étude organisées pour l’institut de sciences liturgiques les 7 et 8 juin 2024, sous le titre : « Des pierres qui disent la foi… Des lieux pour proposer la foi aujourd’hui ? Regards européens sur l’actualité de la question ».

Notre parcours, servi par un groupe de collègues européens, constitué à l’initiative du Pr. Gilles Drouin (ICP Paris) à l’automne dernier pour s’établir en réseau, nous a invité au cheminement. Ainsi, du seuil avec Julien Sauvé, nous sommes entrés dans l’édifice avec Gilles Drouin pour y réfléchir à une autre entrée, celle corolaire et sacramentelle de l’Initiation. Paolo Tomatis, ensuite nous a convié à prendre la mesure de l’espace, comme espace esthético-émotionnel. Pawel Sambor nous a gratifié de quelques considérations, si importantes, sur la lumière dans l’architecture pour la liturgie, avant que Giusepe Midili ne nous emmène à Rome pour y découvrir deux espaces liturgiques. Charles Desjobert nous a maintenu dans la douceur du Sud, avec Matisse et la chapelle de Vence. Puis nous sommes revenus en Suisse, avec l’église St-Pierre, que les participants ont visité en y découvrant l’influence du groupe St-Luc. En soirée, après le lancement officiel de la collection Fons et culmen chez Academic Press Fribourg, c’est Jean-Marie Duthilleul qui nous a partagé quelques convictions avec une conférence intitulée : « Le Christ au milieu de nous. Perspectives architecturales pour une assemblée célébrante ».

Le lendemain, Stefan Kopp a centré sa réfelxion sur réalité helvétique de plus de 50 ans maintenant : les centres ecclésiaux œcuméniques, lieux communs de vie et de prière par-delà les différences confessionnelles. Michel Steinmetz, quant à lui, a tenté d’esquisser quelques pistes de discernement à partir des changements profonds de paradigme qui s’imposent à nous en postmodernité. Bert Daelemans, enfin, a ouvert le regard aux horizons de l’eschatologie, un des caractères fondamentaux, selon lui, de l’architecture au service de la liturgie.

L’ensemble des interventions, augmentée encore de quelques autres, fera l’objet d’une publication dans les prochains mois.