People & EventsPublikationsdatum 17.01.2019

«Sans le développement des infrastructures, l’Université risque de perdre de son attrait»


Élu à la présidence du Sénat en juillet 2018, le député au Grand Conseil Philippe Savoy apporte sans doute une note de couleur. Ce saxophoniste de 42 ans dirige non seulement des chœurs et des orchestres, mais aussi les séances du plus haut organe de l’Université de Fribourg dont la cadence se déroulera désormais à son rythme.

Sur le site Internet de l’Université on peut lire «En plus de compétences stratégiques, qualitatives et financières, [le Sénat] s’occupe de tâches législatives et dispose de compétences d’élections.» Mais que fait le Sénat concrètement ?
Le Sénat participe à la réflexion quant à la stratégie de notre Alma Mater. Pour être concret, celles-ci se concentrent actuellement surtout sur la planification stratégique 2020-2030, ainsi que sur le suivi de l’assurance qualité en prévision de la prochaine accréditation par la Confédération. Nous pouvons également émettre des recommandations à l’intention du Rectorat sur toutes les questions d’intérêt général concernant l’Université. Sur le plan financier, nous préavisons (à l’intention du Conseil d’Etat) la proposition rectorale de convention d’objectifs et d’enveloppe budgétaire. Nous élisons également tous les membres du Rectorat et adoptons les statuts et règlements pour l’ensemble de l’Université.

Que sont les plus grands défis des années à venir?
Maintenir l’existant est déjà un défi en lui-même. La situation actuelle de l’Université de Fribourg est plutôt saine, mais la concurrence nationale et internationale est toujours très importante et nous devons être très vigilants, ambitieux et inventifs, afin de ne pas perdre notre attractivité. Un de nos buts est, bien sûr, l’obtention sans restrictions de la prochaine accréditation. A côté de cela, le développement de l’apport des ressources financières de l’Etat ou des fonds tiers doit être suivi régulièrement, afin de permettre la réalisation des objectifs stratégiques. Avec des moyens financiers qui n’évoluent pas assez et sans le développement des infrastructures (projet Tour Henri, Science Tower pour n’en citer que deux), l’Université risque de perdre de son attrait, de sa vitalité, ainsi qu’une part de ses étudiants. Cela représente donc un vrai défi, non seulement pour notre institution, mais également pour la ville et le canton de Fribourg.

Vous êtes vous-même professeur au Conservatoire de Fribourg. Qu’apporte ce mandat à votre fonction en tant que président du Sénat ?
Pour être sincère, je ne vois pas d’apport direct entre la fonction de professeur au Conservatoire et ma fonction de président du Sénat. Cependant, comme musicien, il est évident que l’écoute et la recherche d’harmonie occupe une grande part de mon quotidien et que ce sont, à mon avis, des qualités nécessaires pour conduire un groupe, qu’il soit musical, organisationnel ou réflexif. Avec mes élèves, je définis souvent la musique comme un enchaînement de tensions et de détentes. Les défis stratégiques à relever et les contraintes budgétaires sont autant de tensions que le Sénat participe, à son échelle, à détendre.

Le Sénat semble un excellent tremplin pour la carrière: Mme Amherd est aujourd’hui conseillère fédérale à Berne et Didier Castella conseiller d’Etat du canton de Fribourg. Seriez-vous tenté par une position exécutive un jour?
Ma vie actuelle s’est toujours construite sans plan de carrière personnelle et il n’est pas prévu que je change ma façon de vivre mon quotidien. Des opportunités se présentent et si je suis tenté «d’aller voir» comme le disait Jacques Brel, alors j’y vais, guidé d’abord et toujours par l’envie et la curiosité. Je crois qu’à trop vouloir planifier son avenir (surtout dans le cadre politique), on risque de vivre beaucoup de déceptions.

Est-ce que votre prédécesseur (Didier Castella) vous a donné des conseils pour la présidence?
A vrai dire, j’ai davantage échangé avec mon prédécesseur pendant les séances du Sénat qu’il a présidées qu’une fois qu’il a été nommé au Conseil d’Etat. Il me semble que nos manières de présider ne sont pas très différentes. L’importance et le sérieux de nos objets ne doit pas nous crisper et Didier Castella comme moi-même attache de l’importance à la qualité de l’atmosphère de travail en séances: ouverte à la discussion, respectueuse et efficace.

Photo: Julien James Auzan