Anne Crausaz EsseivaPublikationsdatum 02.02.2021
Directrice académique et femme de terrain
Pas facile de reprendre, en pleine pandémie, la direction académique d’une université. C’est pourtant le défi que relève, depuis 6 mois, Anne Crausaz Esseiva, qui a succédé à Lukas Bucher au mois de septembre. Pragmatique, elle sait que les problèmes doivent se résoudre l’un après l’autre et elle se réjouit des nombreux projets qui l’attendent.
Anne Crausaz Esseiva, voilà 6 mois que vous avez pris vos marques dans le poste de directrice académique. Comment allez-vous?
Je vais très bien! Malgré la situation sanitaire, l’ambiance et l’atmosphère de l’Université sont vraiment agréables. J’ai reçu un accueil formidable de la part de tout le monde.
Votre première rentrée a été plutôt particulière. Comment gère-t-on des conditions aussi complexes, alors qu'on vient d'arriver?
Calmement, en fait, car il s’agit de conditions sur lesquelles personne n’a réellement de prise. Il faut faire avec. Je considère que j’ai tout de même eu de la chance. En septembre et octobre, les mesures sanitaires n’étaient pas aussi strictes qu’actuellement. J’ai pu rencontrer mes collègues «en vrai», faire connaissance, voir une Université avec des étudiant·e·s, des chercheuses et des chercheurs, des professeur·e·s, des employé·e·s… Et donc avoir un petit avant-goût d’une situation normale que, effectivement, je me réjouis de vivre!
Quels sont les projets qui vous ont le plus occupée?
La COVID (rires) … Mais pas seulement, heureusement. L’Université continue à avancer et les projets ne manquent pas. Il y en a plusieurs en cours. Je peux citer, par exemple, les réflexions sur le Centre Fries et sur la supervision des doctorant·e·s, le projet «Indicateurs» (qui vise à exploiter au mieux les contenus des différentes base de données de campus management – tels qu’Indigo, GEFRI, ACAD, SAP… – pour avoir un meilleur état des lieux en temps réels, ndlr), ainsi que le développement du Conseil psychologique pour les étudiant·e·s... En réalité, des idées de projets émergent presque chaque jour. Il y a tellement de choses que l’on pourrait faire. L’Université n’est pas immobile du tout. Je dois cependant me freiner parfois et avancer de manière très pragmatique.
A Berne, vous avez travaillé pour l'Association suisse d'accréditation et d'assurance qualité, la Conférence des recteurs des HES et swissuniversities. Est-ce qu'on peut dire que c'est le paysage académique suisse «vu du ciel»?
Un peu oui! Mais Berne n’est pas si «haut dans le ciel». Il est toutefois vrai que, même si j’avais des contacts presque quotidiennement avec des représentant·e·s des hautes écoles, il n’était pas si aisé de réellement percevoir le contexte interne, surtout qu’il change d’une institution à l’autre. On essaie vraiment toujours de comprendre et d’adapter les choses en fonction de la réalité du terrain, mais je dois avouer qu’il m’est arrivé de «grincer» sur des décisions que je ne comprenais pas totalement et que j’analyse aujourd’hui sous une autre perspective.
Cette expérience à Berne m’est très précieuse tant au niveau humain que professionnel. Elle m’est également très utile dans mon travail actuel. J’ai beaucoup aimé cette «vue du ciel» qui m’a apporté une vision globale du paysage suisse de l’enseignement et de la recherche non seulement universitaire, mais aussi HES et HEP.
Est-ce qu'on peut alors expliquer votre retour à l'Unifr par l’envie de revenir «sur le terrain»?
Absolument! C’était une volonté de ma part de travailler sur des dossiers plus concrets avec un impact plus direct. Après 6 mois, je peux dire que c’était un excellent choix.
Est-ce que c'est aussi un peu retrouver vos premières amours, puisque vous avez passé votre master et votre doctorat en biochimie à l'Unifr?
J’ai également obtenu ma maturité au collègue St-Croix! J’ai donc passé plusieurs années «au fond de Pérolles». En réalité, j’avais sous-estimé cet aspect. Il était, bien sûr, important pour moi de travailler pour mon Alma mater. Mais je n’ai vraiment réalisé qu’une fois présente quotidiennement à Fribourg combien cette impression de «retour à la maison» était palpable et, en fait, très agréable.
Interview: Farida Khali
Photo: Daniel Wynistorf