Le mot de la RectricePublikationsdatum 21.06.2024

L'Université peut offrir un lieu de discussion scientifique


Née pendant une année révolutionnaire, j’ai grandi dans les années 1970 et 1980, au cœur d’une Europe en pleine guerre froide. La jeunesse de l’époque – les parents des jeunes d’aujourd’hui – était alors dans la rue pour manifester pour la paix et pour le désarmement nucléaire. Les symboles de paix étaient visibles partout sur des drapeaux, des t-shirts, des pendentifs, des pins ou des autocollants: la colombe, le cercle à trois branches, la main offerte, la branche d’olivier, l’arc-en-ciel ou tout simplement le cœur. «Make love, not war»!

Les débats autour du conflit israélo-palestinien étaient déjà omniprésents dans les médias et dans la société. Le 13 septembre 1993, la poignée de main historique entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, sous l’impulsion du président américain Bill Clinton, faisait naître les espoirs les plus fous. On se prenait même à rêver d’une paix durable. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) acceptait le droit d'Israël à une existence en paix et en sécurité, tandis qu’Israël reconnaissait l’OLP comme la représentante légitime du peuple palestinien. L’accord prévoyait une transition sur cinq ans vers une autogouvernance de la Palestine. Quelle tristesse et quelle déception de voir où nous en sommes aujourd’hui.

L’actualité de nos jours met les jeunes en colère et les mobilise: guerres, climat, égalité des genres et questions LGBTQIA+ n’en sont que quelques exemples. Elles et ils s’inquiètent de l’état du monde et se plaignent que nous – la génération de leur parents – n’agissions pas. Or je pense la colère n’est pas bonne conseillère et je ne crois pas que l’occupation d’une université représente la bonne voie vers une solution. Il s’agit d’un acte de rupture qui rend une discussion ouverte difficile. Pourtant, je tiens à le souligner, l’Université est déjà de leur côté: nous sommes toutes et tous choqué·e·s par les images de violence et de destruction qui nous parviennent. Nous souhaitons vivement que la paix soit instaurée et, à notre échelle, nous voulons bien sûr y contribuer. Mais l’Université ne doit pas tomber dans le piège d’une prise de position pour «les uns» et contre «les autres». Elle peut, par contre, offrir un lieu de discussion scientifique, organiser un débat respectueux et non-discriminatoire et partager le savoir.

Katharina Fromm,
Rectrice

Photo: Stemutz.com