Cancer du poumonPublié le 13.09.2023
Une chercheuse fribourgeoise découvre pourquoi certains traitements perdent leur efficacité
Une étude récente, dirigée par la Professeure Alessandra Curioni-Fontecedro, éclaire les raisons pour lesquelles un traitement éprouvé contre le cancer du poumon n’agit parfois plus après un certain temps. Ces nouvelles connaissances sur les modifications du système immunitaire pourraient permettre de soigner un plus grand nombre de patients avec un traitement médicamenteux déjà existant et très efficace.
Le cancer du poumon est l’une des principales causes de décès par cancer. Son traitement s’est développé de manière fulgurante au cours des vingt dernières années, notamment grâce à la thérapie par inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI), qui a permis d’améliorer la survie globale. Ces médicaments bloquent les signaux des points de contrôle, permettant ainsi aux cellules immunitaires de l’organisme de lutter plus efficacement contre les cellules cancéreuses. Or, plus de la moitié des patients développent une résistance à ce traitement après la réponse initiale et il n’existe que peu d’alternatives thérapeutiques.
Ce qui entrave la défense des cellules immunitaires
Une étude publiée dans la revue scientifique Nature Communications et dirigée par Alessandra Curioni-Fontecedro, médecin-cheffe de l’Unité d’oncologie à l’hôpital fribourgeois HFR et professeure à l’Université de Fribourg, s’est penchée sur le cas de patients ayant répondu au traitement dans un premier temps avant de développer une résistance.
Chez certains patients, cette résistance était due à une quantité insuffisante, dans les tumeurs, de cellules immunitaires spécialisées. Ces dernières combattent le cancer, mais font échouer la thérapie si elles ne sont plus actives. D’autres patients ne répondaient pas au traitement parce que leurs tumeurs présentaient une trop grande quantité de protéine PD-L1, qui entrave la capacité des cellules immunitaires à lutter contre le cancer. Chez d’autres patients encore, l’absence de réponse s’expliquait par l’affaiblissement des voies de signalisation.
Cette étude aide à comprendre comment le système immunitaire évolue et pourquoi le traitement contre le cancer du poumon perd parfois en efficacité. Elle devrait permettre aux scientifiques de se pencher sur les problèmes de résistance afin d’améliorer la thérapie. Davantage de personnes atteintes d’un cancer du poumon pourraient ainsi bénéficier du traitement existant par inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, et donc vivre plus longtemps.
Fribourg, haut lieu de recherche
«Nous devons examiner chaque patient pour déterminer la cause exacte de sa résistance au traitement», explique Alessandra Curioni-Fontecedro, qui mène de nouvelles études dans cette optique. «Je suis ravie que le site de Fribourg se prête à des activités de recherche sur un sujet aussi complexe». Un travail de pionnier qui nécessite non seulement l’implication de patients disposés à participer à l’étude, mais aussi le concours et l’avis clinique de scientifiques et médecins chevronnés.