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Connaissez-vous le Sénat?
Tout le monde sait que le Rectorat dirige les affaires universitaires. Or, à l’image d’une société démocratique, ce pouvoir exécutif n’est pas l’autorité ultime de l’Université de Fribourg, puisqu’il est élu et vérifié par une autre instance à vocation délibérative et législative: le Sénat de l’Université.
Le Sénat constitue l’un des trois organes centraux de l’Université de Fribourg, avec le Rectorat et l’Assemblée plénière. Plus précisément, il est l’organe délibératif suprême. C’est-à-dire qu’en plus de compétences stratégiques, qualitatives et financières, il s’occupe de tâches législatives et dispose de compétences d’élections. Il est composé de douze membres, dont six sont désignés par l’Etat (Grand Conseil et Conseil d’Etat) et six par la communauté universitaire (Assemblée du corps professoral, Assemblée des collaborateurs et collaboratrices scientifiques, Conseil des étudiant·e·s, Assemblée du personnel administratif et technique).
En résumé, le Sénat définit la politique générale de l’Université; émet des recommandations à l’intention du Rectorat sur les questions d’intérêt général; assure la liberté académique et veille au maintien de l’ordre universitaire. Il préavise (à l’intention du Conseil d’Etat) la proposition rectorale de convention d’objectifs et d’enveloppe budgétaire. Il adopte aussi les statuts et les règlements pour l’ensemble de l’Université et veille à leur application. Last but not least, le Sénat élit la recteur ou la rectrice ainsi que les membres du Vice-Rectorat.
Depuis le mois de juillet 2018, c’est le Sénateur Philippe Savoy, élu par ses pairs, qui préside le Sénat. Ce saxophoniste professionnel de 43 ans, député socialiste au Grand Conseil est aussi professeur au Conservatoire et directeur de chorales et d’orchestres depuis une vingtaine d’années. Il vient d’être nommé directeur du site fribourgeois de la Haute Ecole de Musique (HEMU) Vaud Valais Fribourg.
Philippe Savoy, vous retrouvez-vous sans fausse note avec ces baguettes de chef dans les mains?
Une bonne santé mêlée d’un soutien familial et amical de très grande qualité ainsi que de bonnes compétences organisationnelles me permettent de mener à bien ces divers mandats. J’ai le sentiment que les uns nourrissent les autres et réciproquement. Ceci étant, ma récente nomination comme directeur du site fribourgeois de la Haute Ecole de Musique Vaud Valais Fribourg va m’amener à renoncer à mes responsabilités d’enseignant et de député.
Comment est choisi le président du Sénat et quel est son rôle?
Parmi les six membres désignés par l’Etat, le président est élu par ses pairs. Il conduit le bureau, la commission financière et les séances du Sénat. Il s’agit d’entendre les avis de chacune et chacun en séance, de les résumer et d’en tirer une orientation générale. Et, même si le cadre est très formel, de permettre à tous les membres de s’exprimer de manière détendue et critique par rapport aux sujets discutés.
Qui fait partie du bureau du Sénat et quel est le rôle de ce dernier?
Le bureau se compose du président du Sénat, du vice-président, d’un représentant des corps intermédiaires et d’un représentant de l’Etat. La Rectrice ainsi que le Secrétaire général y participent également avec voix consultative. Le bureau élabore notamment la planification des dossiers au début de chaque année académique, les prépare et en informe les membres du Sénat. Il contrôle également l’exécution des décisions et le suivi des propositions. Il tient aussi une liste des affaires en suspens. En résumé, il veille au bon fonctionnement du Sénat.
Comment élisez-vous les membres du Rectorat? Est-ce que des considérations politiques entrent en jeu?
Pour ce qui est de l’élection du recteur ou de la rectrice, le Sénat reçoit une proposition de l’Assemblée plénière. Il entend ensuite le/la candidat·e proposé·e, discute de son profil et procède à l’élection à bulletin secret. Les membres du Vice-Rectorat sont proposés par le recteur ou la rectrice et leurs profils complémentaires doivent présenter un équilibre entre la représentation des diverses facultés, des profils académiques, des communautés linguistiques, des âges, des sexes, etc. Ce sont déjà passablement de critères qui entrent en ligne de compte sans que la politique au sens large ne soit fondamentalement prise en considération. In fine, il est surtout important d’élire des membres du Rectorat qui sont disposés à travailler tout à la fois en bonne entente et avec la capacité de développer une culture de réflexions à la fois critique et constructive.
Est-ce que le Sénat pourrait s’opposer au Rectorat, par exemple en cas de désaccord interne ou émanant d’un autre organe de l’Université ?
Le Sénat est l’organe délibératif suprême et les décisions majeures de l’Université ne peuvent pas être prises sans son accord. Dans ce sens, il pourrait s’opposer à une proposition du Rectorat. Ceci étant, la réalité des divers niveaux de réflexion (facultés, assemblée plénière, étudiant·e·s, Rectorat, etc.) nous permet d’être la pointe d’une pyramide qui a déjà mûri et pensé les décisions selon les divers profils des acteurs de la vie universitaire. Bien qu’ayant également nos propres visions des projets en discussion, nous tenons évidemment compte du large processus participatif.
De quelle politique universitaire ou enjeu stratégique discute actuellement le Sénat?
La planification stratégique 2020–2030 nous occupe actuellement. Nous suivons également de près l’état de lieux de l’assurance qualité en vue de la procédure d’accréditation. Tout récemment, le Sénat a entendu le bilan du programme d’activité 2015–2019 du Rectorat et va prochainement discuter de celui de la période 2019–2023. Enfin, et ce n’est pas le moindre des enjeux, nous suivons d’aussi près que possible l’évolution du projet «Tour Henri» pour notre Faculté de droit ainsi que les travaux relatifs à l’introduction du Master en médecine.
Vous avez côtoyé Didier Castella qui fut président du Sénat, et Viola Amherd, qui en fut membre jusqu’à son élection au gouvernement fédéral. Le Sénat, ça ouvre des portes?
Ces nominations semblent, en tout cas, confirmer que, plus encore que son Sénat, notre Université est très implantée dans sa ville, son canton et son pays. Si des personnalités comme Didier Castella ou Viola Amherd ont accepté de siéger au sein du Sénat, c’est certainement davantage par conviction de la nécessité de placer notre Alma Mater et la formidable formation qui y est dispensée au cœur de nos préoccupations plus que par ambition personnelle qui n’est en sorte qu’un agréable effet collatéral.