British exit: Le Royaume-Uni quittera-t-il volontairement l’Union européenne? Ses citoyens se prononceront le 23 juin. En attendant, le Premier ministre David Cameron a obtenu un «statut spécial» du Conseil européen. Qu’en pense notre expert en histoire et politique européennes, le Professeur Gilbert Casasus?
Que veut le Royaume Uni?
La Grande-Bretagne veut ce qu’elle a obtenu, à savoir bénéficier d’un statut spécial au sein de l’Union européenne. De par sa propre volonté, ce statut spécial l’exclut de tout processus d’approfondissement de l’espace communautaire, «zone euro» incluse. L’objectif de Londres est d’avoir droit à des dérogations, notamment en matière sociale, pour préserver des avantages et des prérogatives, notamment en matière économique. C’est la conception de la droite libérale et conservatrice anglo-saxonne qui, de Churchill à Cameron en passant par Thatcher, a toujours plaidé pour une Europe dont le Royaume-Uni ferait partie ou non, selon ses propres intérêts financiers et ses objectifs stratégiques.
Quelles conséquences sur l’Europe?
Si la volonté communautaire pouvait renouer avec son esprit d’antan, le Brexit ou le statut spécial dont bénéficie la Grande-Bretagne, devrait même contribuer à approfondir l’Union européenne. Cela peut surprendre, mais est, somme toute, assez logique: l’idée de redynamiser de nouvelles structures du type «Euroland», voire le «noyau dur», referait surface. Elle inciterait les Etats membres qui le désirent à aller de l’avant. Tout dépendra alors du rôle moteur des pays fondateurs de la construction européenne, et surtout du tandem franco-allemand. A l’exemple de ce qui s’est passé en 1984, du temps de Kohl et Mitterrand, après le remboursement du chèque britannique à Thatcher, les deux pays auraient aujourd’hui les cartes en main pour relancer l’Europe, avec le soutien de leurs principaux partenaires; sauf que les relations franco-allemandes au service de la construction européenne n’ont pas encore atteint la qualité qu’elles avaient durant les années 80.
La Suisse est-elle concernée?
La Suisse n’est pas concernée par l’accord trouvé entre l’UE et le gouvernement de Londres. Elle ne fait pas partie du jeu communautaire. Qu’elle comprenne: n’étant pas membre de l’UE, elle ne peut pas revendiquer des droits et des dérogations qui ne sont même pas accordés à des Etats membres de l’Union européenne. Contrairement à la Suisse, le gouvernement dirigé par David Cameron s’est rapidement rendu compte qu’il ne pouvait pas mettre le principe de la libre circulation des personnes sur la table des négociations, car il n’aurait jamais obtenu ce qu’il a reçu. Qu’il y ait Brexit ou non, la Suisse est prise au piège de sa propre politique. Est-ce par naïveté, par méconnaissance des dossiers ou en raison d’une trop grande judiciarisation de la politique européenne helvétique que la Suisse ose toujours prétendre au moindre statut spécial? Cela ne peut pas être le cas. Exit, par conséquent, la clause de sauvegarde et exit une remise en cause du principe de la libre circulation.
© Unicom
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Gilbert Casasus est professeur au Domaine études européennes.
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