L’Eglise s’interroge sur les rapports entre foi et famille. Après 2 synodes et en attendant la prochaine Exhortation du pape François mi-avril, un colloque fait le point sur cette question. Cinq questions à l’Abbé François-Xavier Amherdt, professeur à la Chaire de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique
Pourquoi aborder le thème de la famille aujourd’hui?
Parce que la famille constitue la «valeur» dans laquelle nos contemporains investissent leurs plus grandes espérances, y compris parmi les jeunes, et que deux récentes assemblées du Synode des évêques (délégués de toutes les Conférences épiscopales à travers le monde) viennent d’être consacrées à cette thématique en octobre 2014 et 2015.
Divorce, famille recomposée, union libre… Comment se situe l’Eglise face aux nouvelles formes que prend la famille?
Le titre de notre colloque l’exprime clairement: «L’Evangile des familles». La Bible ne connaît pas un seul modèle familial, elle nous invite à revisiter nos relations de pères et mères, fils et filles, frères et sœurs, dans chaque contexte historique, avec un regard renouvelé. L’Eglise désire accompagner pastoralement toutes les formes de familles aujourd’hui.
Que répondre face à ceux qui contestent la légitimité des représentants de l’Eglise à répondre aux questions familiales?
Les «représentants de l’Eglise» sont autant des laïcs, femmes et hommes, mariés et célibataires, que des prêtres. Les responsables des pastorales familiales des cantons et diocèses suisses sont pour la plupart des couples. L’un des intervenants de la journée, le Prof. Jochen Sautermeister, est marié, père de famille, conseiller conjugal et familial en plus d’être théologien. Outre les conférences, le colloque comprendra des témoignages disant comment intégrer toutes les sortes de familles dans la communauté ecclésiale et trouver dans la foi des ressources en cas de rupture conjugale.
La foi se vit-elle toujours dans le cadre familial ou est-elle devenue une pratique beaucoup plus centrée sur soi-même?
Comme la vie, la foi s’expérimente seul, en couple, en groupe, en famille. Les différentes dimensions se complètent, elles ne s’opposent pas. Les parents ont une responsabilité essentielle dans l’éveil de leurs enfants à la vie spirituelle et, grâce à leurs enfants, ils sont eux-mêmes renvoyés à leur propre relation avec Dieu.
Dans notre société individualiste, peut-on encore dire aujourd’hui que l’Eglise forme une famille ?
Nous attendons beaucoup de la prochaine Exhortation du pape François sur la famille, suite aux deux assemblées synodales. Elle devrait sortir à mi-avril et montrer comment l’Eglise est appelée à former une famille. Le délégué de la Conférence des évêques suisses au Synode 2015, Mgr Jean-Marie Lovey, nous en donnera un avant-goût: face à la solitude et à l’individualisme, les communautés ecclésiales tentent d’offrir des lieux de rencontre et de partage, par-delà les barrières de conditions, d’âges, de provenances, de nationalités et de religions.
La 9e Journée CCRFE – Faculté de théologie, colloque post-synodal sur la famille: «La pastorale de la famille: les deux Synodes, et après?» se tiendra le 6 avril 2015.
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