Café scientifique – Au-delà des décisions politiques, ce sont les initiatives locales qui permettent aux gens de se rencontrer et de se comprendre. Qu’en est-il à Fribourg? Dans le contexte de tension actuelle, à quels problèmes concrets la Ville fait-elle vraiment face et quels projets ont vu le jour afin de créer un dialogue constructif entre musulmans et non-musulmans? Mallory Schneuwly, spécialiste de la question, répond à Alma&Georges.
Communautés musulmanes et non-musulmanes sont souvent décrites comme deux blocs qui se font face. Ni l’un, ni l’autre n’ont pourtant rien de monolithique…
Effectivement et l’orthographe au pluriel de votre question le souligne bien. J’irais même plus loin et je dirais que «la» communauté musulmane n’existe pas, tout comme «la» communauté non musulmane. Les communautés sont non seulement plurielles du point de vue de leurs nombres, mais surtout du point de vue de leurs formes. Il est très réducteur de limiter l’identité d’un groupe social à l’une de ses appartenances. Toute communauté regroupe, sous une étiquette, des individus aux appartenances multiples. La religion n’est que l’une d’entre elle. La nationalité, la langue, l’ethnie, l’âge, le sexe ou le milieu socio-professionnelle peuvent jouer des rôles différentiels importants dans la négociation des relations avec les «autres».
Et elles ne sont pas non plus statiques. Elles ne passent pas leur temps à se regarder en chiens de faïences. De nombreuses initiatives voient le jour…
Précisément. Chaque individu mobilise ses appartenances en fonction du contexte et de sa propre trajectoire biographique. Ce qui est valable pour les individus vaut également pour les communautés. Et si certains insistent sur ce qui différencie, d’autres mettent l’accent sur ce qui rassemble.
Vous dites que c’est du local que viendra le changement.
La cohésion sociale débute par une (re)connaissance réciproque. Or, on est susceptible de tisser du lien social avec les personnes qu’on est susceptible de rencontrer. C’est pour cette raison que les projets de rencontre et de dialogue qui insistent sur le local sont ceux qui me paraissent le plus prometteur.
Comment décririez-vous la situation fribourgeoise?
A Fribourg, les relations entre musulmans et non musulmans sont généralement très bonne. Les opportunités de rencontre existent. Le Canton et les (grandes) communes soutiennent également les initiatives qui visent à encourager la coexistence. A ce titre, les bureaux de l’intégration joue un rôle primordiale.
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- Ce Café scientifique se tiendra le mercredi 16 novembre à 18h00 au Nouveau Monde. Programme complet.
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