Etudier, c’est bien. Avoir des idées et oser les concrétiser, c’est encore mieux! Il y a deux semaines, universités et hautes écoles suisses se sont retrouvées à l’Institut Adolphe Merkle de Fribourg pour réfléchir à la meilleure façon d’instiller l’esprit d’entreprise aux étudiants de notre pays.
Quand on pense innovation ou entrepreneuriat, on songe immédiatement à la Silicon Valley, voire, à la rigueur, chez nous, aux écoles polytechniques fédérales. A tort! Car nos universités et hautes écoles ne sont pas en reste, elles qui génèrent près de trente spin–offs chaque année. Il existe pourtant une belle marge de progression. Encore faut-il réussir à créer un environnement propice à la naissance des idées et à leur concrétisation! C’est dans ce but que soixante-cinq représentants d’écoles de la Suisse entière ont convergé à Fribourg jeudi dernier.
Les universités se donnent de la peine… et en ont
Au menu du workshop sponsorisé par L’Académie suisse des sciences techniques (SATW), conférences, réseautage et échanges d’expériences. Un dernier point essentiel, puisque toutes les institutions participantes sont confrontées aux mêmes problèmes. Les prestations, financières ou logistiques qu’elles proposent aux étudiants intéressés par l’aventure entrepreneuriale restent le plus souvent largement méconnues. En cause, à en croire les conférenciers, les barrières institutionnelles qui étouffent toute communication.
Ces obstacles sont d’ailleurs la principale raison d’être de l’Association for Student Innovation. Celle-ci regroupe des étudiants et des mentors issus de l’Université de Fribourg (Institut Adolphe Merkle, PRN Matériaux bio-inspirés, Institut international de management en technologie − iimt), de la Haute école de Gestion, de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, ainsi que d’autres gens intéressés à la culture d’innovation estudiantine: «On veut abattre les murs qui nous séparent, explique Marc Pauchard, directeur associé de l’Institut Adolphe Merkle, nous souhaitons également nous délester des pesanteurs de la politique!» Selon lui, créer des synergies entre institutions permet d’atteindre la masse critique indispensable à l’émulation et à la naissance d’une dynamique entrepreneuriale.
Cela dit, malgré la volonté claire de coordonner les efforts, il n’est pas question de juguler les énergies car, à en croire Rolf Ingold, vice-recteur de l’Université de Fribourg, le foisonnement d’idées constitue «un bouillon de culture propice à l’innovation»!
Quand tout baigne, l’innovation stagne
A ces difficultés endogènes viennent s’ajouter des facteurs sur lesquels les universités n’ont que peu d’emprise, tels que, par exemple, la conjoncture économique. A cet égard, la situation de plein emploi que connaît la Suisse constitue un véritable oreiller de paresse. «Si des emplois bien rémunérés tendent les bras aux diplômés fraîchement émoulus, comment les convaincre de se lancer dans une aventure entrepreneuriale avec tous les risques que cela comporte?», s’interroge Marc Pauchard.
Last but not least, la capacité d’innovation dépend de facteurs culturels. Il y a des pays où l’esprit d’entreprise jouit d’une haute considération, en dépit des risques d’échec encourus. Or, il semblerait que, de manière générale, les Suisses préfèrent la sécurité à l’aventure. Encourager, dès l’école primaire, l’indépendance et la prise de risque s’avère donc indispensable: «On ne se plaindra pas de la bonne conjoncture et du plein emploi, s’exclame Marc Pauchard, mais que cela ne nous empêche pas de créer des vocations!»
D’autant plus que les mentalités évoluent. Eliav Haskal, manager en innovation du Pôle de Recherche National Matériaux bio-inspirés, basé à l’Institut Adolphe Merkle, est d’ailleurs convaincu que cette inhibition culturelle peut être combattue: «Singapour, tout comme la Suisse, connaît un chômage bas et une culture a priori défavorable à l’innovation. Le pays fait pourtant partie du trio de tête des Etats les plus innovants. Il le doit à une politique volontariste des autorités, en particulier auprès des étudiants.»
Les facteurs culturels n’ont donc rien d’irrémédiable. Lors du workshop, Den Huan Hooi, directeur du Technopreneurship Center de Singapour, a d’ailleurs conclu sa présentation sur cette injonction: «L’esprit d’entreprise est une discipline et, comme toutes les disciplines, elle peut être apprise!»
Dont acte!
Comment passer du rêve à la réalité?
Les prestations de l’Université de Fribourg en faveur de l’innovation:
L’Université de Fribourg s’est donné pour mission d’encourager «le transfert de connaissances et de technologies, ainsi que l’innovation en faveur de la société civile, de l’économie et de la politique». Voici quelques structures et prestations à disposition des étudiants:
- ideas@iimt est un service qui offre conseils et soutien à tous les étudiants de l’Université de Fribourg qui souhaitent créer une start-up.
- Proof-of-concept grant est un programme qui permet aux chercheurs du Pôle de Recherche National Matériaux bio-inspirés de vérifier la faisabilité technologique et la viabilité économique de leurs idées.
- TechTransfer Fribourg est le bureau de transfert de technologies de l’Université de Fribourg, de l’Institut Adolphe Merkle et de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg.
- Cours sur l’entreprenariat à la Faculté des SES et à l’Institut Adolphe Merkle
Les structures à Fribourg à disposition des étudiants:
- Innovation Club est la communauté interinstitutionnelle qui organise conférences et workshops. Son but: aider les étudiants à innover. Le Club est un produit de l’Association for Student Innovation.
- Innovation Lab est une structure, ouverte aux étudiants de tous les domaines (technologie, économie, médecine, sport, etc), qui fournit un appui technique et logistique.
- FabLab Fribourg appartient à un réseau mondial de Fablabs. Il s’agit d’une ressource communautaire qui offre une assistance opérationnelle, technique et financière.
- Seed capital Fribourg est une fondation qui propose un financement permettant de démontrer la viabilité d’un projet d’entreprise et l’intérêt du marché.
- Fri Up est l’organe officiel de soutien à la création d’entreprise du Canton de Fribourg. Sa mission: être la porte d’entrée pour tout nouvel entrepreneur qui souhaite lancer sa start-up. Fri UP propose des coachings gratuits.
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- Photos: © Marion Savoy
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