Créée en mai dernier, l’Association Saint-Nicolas offre une plateforme spirituelle, culturelle et artistique aux étudiants orthodoxes de l’Université de Fribourg. A 32 ans, son président Stefan Constantinescu ne porte ni mitre ni crosse comme le saint patron de la cathédrale, mais semble doté du même don d’ubiquité à force de multiplier les engagements. Doctorant en théologie, ce Roumain d’origine termine une thèse sur Bernard de Clairvaux. Il a aussi compté parmi les finalistes suisses de «Ma thèse en 180 secondes» en 2017.
Co-directeur du Centre d’étude des Eglises d’Orient et maintenant président de la nouvelle Association St-Nicolas. Avez-vous toujours eu cette fibre de rassembleur?
C’est la première fois que j’assume de telles responsabilités, mais cela doit venir de ma nature sociale et ouverte. J’aime aller à la rencontre de l’autre et j’ai besoin de contact avec l’extérieur. Rester trop isolé avec ma thèse me ferait souffrir (rires). Et c’est entre autres pour ce contexte œcuménique et international que je suis venu étudier à Fribourg en 2010, après une licence en théologie orthodoxe à Bucarest. C’est aussi cette expérience du multiculturalisme universitaire qui m’a conduit à occuper ces postes aujourd’hui.
Quels sont les buts de cette nouvelle association?
D’abord, il s’agit de fournir une plateforme aux étudiants orthodoxes et de traditions orientales afin de les aider à s’intégrer dans le milieu universitaire fribourgeois. Mais nous sommes aussi ouverts aux étudiants catholiques, protestants ou non-croyants qui s’intéressent à la culture orientale. Nous proposons des activités spirituelles avec un programme de prières chaque lundi, à 12h15 à la chapelle orthodoxe du Salesianum, et la célébration de liturgies, par exemple pour la Saint-Nicolas le 6 décembre. Nous souhaitons aussi mettre en place des activités culturelles comme des repas, des cours de langue pour les personnes d’origine étrangère, ou encore des ateliers de chants liturgiques et d’iconographie.
Combien de membres comptez-vous aujourd’hui?
Nous sommes une vingtaine de membres issus de différents pays comme la Roumanie, la Moldavie, l’Ukraine, la Grèce, le Cameroun, l’Allemagne et la Belgique. Beaucoup étudient la théologie, d’autres la philosophie, la philologie classique, la médecine ou sont inscrits au Conservatoire de Fribourg. Notre association entend s’adresser aux étudiants provenant de l’ensemble du monde orthodoxe, qui comprend les patriarcats anciens et récents, mais aussi les Eglises éthiopienne, érythréenne, copte, arménienne, syrienne, voire indienne.
Le patronage de Saint Nicolas, est-ce un clin d’œil à Fribourg et à sa cathédrale?
Dans un sens oui, car nous avons aussi pour projet de créer des liens entre l’Occident et l’Orient. Mais il faut savoir que la figure de saint Nicolas de Myre est également très populaire dans la tradition orthodoxe. Même s’il n’est pas représenté de la même manière qu’en Occident, il est vénéré et connu pour ses miracles et la protection qu’il offre aux plus démunis. De plus, nous cherchions une dénomination qui nous soit propre et ce patronage fait référence au Centre St-Nicolas, l’autre nom du Centre d’étude des Eglises d’Orient de l’Université.
En arrivant à Fribourg, quelle a été votre première impression du cortège de la Saint-Nicolas que fête la ville chaque année?
C’était un moment particulièrement fort qui m’a ramené à mon enfance en Roumanie. Chez nous, la tradition veut que Saint Nicolas dépose des cadeaux dans les souliers durant la nuit. Enfant, je voulais toujours le voir et tâchais de rester éveillé, mais il venait toujours d’une façon mystérieuse. J’ai donc pu voir le Saint Nicolas pour la première fois, sur son âne, lors du cortège à Fribourg (rires). Je me souviens avoir aussi été très impressionné par la foule importante dans les rues. En principe, j’y retourne chaque fois avec beaucoup de plaisir. D’autant plus que cette année, notre association tiendra un stand lors de la journée des familles, le dimanche 2 décembre.
En 2017, vous avez compté parmi les finalistes suisses de «Ma thèse en 180 secondes». Une autre manière de vivre le partage?
C’était d’abord un défi de parler en très peu de temps d’un sujet compliqué pour la plupart des gens. Avec une thèse de doctorat, on est toujours confronté au fait de devoir expliquer ce que l’on fait à notre entourage. C’était une manière de vulgariser mon travail, mais d’aller aussi à la rencontre de celles et ceux qui se posent des questions sur la théologie, car c’est un domaine qui évolue en permanence et développe de nouveaux langages.
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