A l’heure des premières floraisons, les habitants du Jardin botanique se réveillent. Dans son hôtel à insectes, admirez le ballet des osmies cornues, l’une des 615 espèces d’abeilles sauvages présentes en Suisse. Pas agressive pour un sou, cette belle du printemps se laisse approcher facilement.
Bzzz, bzzz, ça bourdonne sec autour de l’hôtel à insectes du Jardin botanique! L’osmie cornue, aussi appelée abeille maçonne, s’active à l’arrivée du printemps. Reconnaissable à son corps recouvert d’une pilosité sombre sur le thorax et rouge-orange sur l’abdomen, elle est l’une des 615 espèces d’abeilles sauvages présentes en Suisse. Une touffe de poils blancs présente sur la tête des mâles permet de les distinguer des femelles. Ces dernières possèdent, elles aussi, les deux cornes caractéristiques qui ont donné son nom à l’espèce.
Abeille solitaire
Cette abeille est solitaire, c’est-à-dire qu’elle ne forme pas de colonies comme l’abeille domestique ou les bourdons et n’a ni reine ni ouvrière. Chaque femelle trouve un site de nidification, généralement une tige de bambou ou de roseau (Phragmites), mais aussi des trous déjà percés dans du bois ou des bâtiments. Là, elle dépose à l’intérieur une boule de pollen mélangé à du nectar avant d’y pondre un œuf. Elle referme ensuite la cellule avec une paroi faite de boue et recommence à déposer du pollen et pondre ses œufs. Les cellules s’alignent alors l’une après l’autre et l’entrée est scellée par un mélange de boue et de salive. Les larves éclosent après quelques jours et se nourrissent des réserves de pollen pendant quelques mois avant de se transformer en nymphe, l’équivalent du cocon chez le papillon. C’est seulement un an après la ponte que la nymphe se transforme en abeille adulte.
Chacun sa chambre
Au vu de ses préférences de nidification, cette abeille est l’une des plus abondantes dans les hôtels à insectes. Dès le mois de mars, les mâles sont les premiers à sortir et se positionnent à l’entrée des trous où ils sentent la présence d’une femelle. Ils se chamaillent régulièrement pour avoir la meilleure place. Une fois prête, la femelle sort et les couples restent parfois longtemps en position d’accouplement à proximité de l’hôtel.
L’osmie cornue est une résidente permanente du Jardin botanique et n’a pas de préférence particulière quant au type de pollen. Plusieurs études ont toutefois mis en évidence sa capacité à polliniser plus efficacement les arbres fruitiers (Rosaceae) que l’abeille domestique. En effet, la femelle de ce genre d’abeille possède une «brosse ventrale», de longs poils raides situés sous l’abdomen qui permettent de contenir de grandes quantités de pollen. On observera ces prochaines semaines les femelles amener les réserves de pollen dans les hôtels du Jardin.
A admirer jusqu’à fin mai
L’activité autour des hôtels est intense encore au mois d’avril avant de progressivement diminuer au mois de mai. Ces jolies résidentes ne vivent hélas pas longtemps. Tous les adultes auront péri d’ici le mois de juin et seule leur progéniture donneront de nouvelles abeilles l’année prochaine. Une cousine de l’osmie cornue, l’osmie rousse, a le même cycle de vie et s’observe un peu plus tard dans la saison dans les hôtels.
L’osmie cornue n’est pas agressive et se laisse approcher très facilement. Comme chez toutes les abeilles, seule la femelle pique et les nuages d’abeilles que l’on observe en ce moment devant les hôtels sont surtout composés de mâles attendant l’émergence des femelles. Attention toutefois à leur laisser assez de place pour s’adonner leurs amours!
__________- Crédit photos: Albert Krebs, Sophie Giriens
- Site du Jardin botanique
- L’abeille maçonne, jolie bête à cornes - 04.04.2019