Depuis juillet 2019, Antoinette de Weck préside le Sénat de l’Unifr. Dans un entretien, la vice-syndique de la Ville de Fribourg évoque l’importance de bien communiquer avec l’extérieur. Et d’amener la population à réfléchir aux enjeux sociétaux futurs.
Quels sont les meilleurs souvenirs que vous gardez de vos études à l’Unifr?
Honnêtement, je n’en garde que de bons souvenirs! Peut-être est-ce dû au fait que j’étais enfin débarrassée des maths, qui m’avaient donné beaucoup de fil à retordre au collège? (rires) Plus sérieusement, j’ai énormément apprécié la qualité des enseignements, ainsi que le fait que les effectifs – relativement – réduits permettaient une grande proximité avec les autres étudiants, ainsi qu’avec les professeurs.
Vous êtes désormais la présidente du Sénat, l’un des trois organes centraux de l’Université. Quel est son rôle?
Le Sénat, c’est l’organe qui se trouve au-dessus de tout. Il réunit douze membres, dont la moitié est externe à la communauté universitaire. Son but est de définir l’orientation générale de l’Université, de garantir qu’elle forme un tout cohérent. Dans le cadre des débats sur la Stratégie 2030, il s’agit par exemple de s’interroger sur l’éventail de l’enseignement offert par l’Université. Cette orientation actuelle, qu’on pourrait également appeler couleur générale, le Sénat doit faire en sorte qu’elle corresponde aussi aux attentes des Fribourgeois. Etant donné que le financement de l’Université émane du canton pour près de la moitié, il est indispensable d’être en accord avec les désirs et les besoins de ce bailleur de fonds. L’Université ne doit pas être une tour d’ivoire qui ne sert qu’à former des élites! Le rôle de ces élites – au sens noble du terme – est de contribuer à assurer l’avenir de la population fribourgeoise.
Comment garantir cette bonne communication entre l’intérieur et l’extérieur?
L’Unifr a fait un grand effort d’ouverture en ce sens. Le meilleur exemple, ce sont les débats qui ont émaillé l’introduction du nouveau Centre Suisse Islam et Société. A l’époque où j’ai fait mes études de droit, l’Islam ne constituait pas une actualité. Quelques années plus tard, c’est devenu le cas mais certaines personnes ne comprenaient pas l’importance d’intégrer ce centre de compétences (mettant l’accent sur l’autoréflexion islamique, ndlr.). Or, c’est justement la tâche du Sénat d’amener la population à réfléchir aux enjeux sociétaux futurs. Mais ces défis, ainsi que le rôle que joue l’Université dans leur affrontement, il faut les expliquer à l’extérieur. Nous invitons par exemple régulièrement des députés afin de leur montrer concrètement ce que fait l’Unifr et quels sont les enjeux de son action. Il ne faut pas oublier que de nombreux élus n’ont pas fait d’études du degré tertiaire.
Quelle est votre vision pour l’Unifr?
L’Université contribue grandement au rayonnement de Fribourg. Sans l’Unifr, le canton et la ville ne seraient pas ce qu’ils sont! Or, ce rayonnement s’appuie sur une tradition d’humanisme, où l’homme est pris dans son ensemble, y compris au niveau des valeurs morales. Une idée serait de développer l’éthique comme valeur transversale de toute l’Unifr.
De façon plus terre à terre, quels sont les dossiers chauds auxquels est confronté le Sénat actuellement?
Celui qui nous donne le plus de cheveux blancs, c’est le projet de la Tour Henri (ndlr: la réalisation du nouveau bâtiment de la Faculté de droit), qui devrait être concrétisé depuis longtemps. De façon plus générale, les finances – à savoir l’obtention de davantage de moyens pour l’Unifr – constituent notre premier cheval de bataille. A titre de comparaison, alors qu’elle ne compte qu’un peu moins d’étudiants (10’000 contre 14’000), l’Université de Fribourg ne dispose que de 38% du budget de l’Université de Bâle. Il s’agit, là encore, de maintenir de bons rapports avec l’extérieur, en l’occurrence le Conseil d’Etat, afin qu’il comprenne nos besoins.
Votre fibre écologique vous a notamment amenée à être la chargée d’affaires de Pro Natura Fribourg. Comment l’Unifr pourrait-elle – voire devrait-elle – contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique?
Je pense que là aussi, il faut prendre du recul. Ce qui compte, c’est que les scientifiques gardent un regard critique sur leurs activités. Qu’ils ne se concentrent pas uniquement sur la création d’une nouvelle machine révolutionnaire, mais réfléchissent aux conséquences (écologiques, sociales, etc.) qu’elle pourrait avoir sur l’ensemble de la société. En ce sens, on rejoint cette notion d’éthique comme valeur transversale.
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