Tout juste de retour d’un semestre à l’étranger, Aline, Philippe et Luisa en ont encore des frissons dans la voix. Ces étudiants de l’Unifr pensaient modestement vivre une expérience académique exotique. Plus qu’enchantés, ils en reviennent marqués à jamais.
Il y a un âge pour tout. La vingtaine franchie, les études bien entamées, il est plus que jamais l’heure de songer à briser les chaînes qui nous lient à nos amis, à notre famille et à notre routine estudiantine. Comme pour un départ de fusée, la fenêtre de tir est serrée: une fois le diplôme en poche, il y aura le travail, les enfants et d’autres pesanteurs qui viendront contrarier le décollage. Bref! Partez avant que la vie ne vous rattrape!
Rester, c’est exister: mais voyager c’est vivre. Gustave Nadaud
Des destinations de choix
Il faut d’autant moins hésiter que l’Université de Fribourg permet à ses étudiants de se rendre sur tous les continents, de l’Espagne au Japon, en passant par le Brésil, le Canada et l’Australie. Selon les chiffres du Service des relations internationales de l’UNIFR, l’année dernière 243 étudiants ont passé un semestre hors de leur Alma mater. Parmi les destinations phare, en Europe, on peut citer l’Allemagne, la France, l’Espagne, l’Italie et la Grande-Bretagne. Hors Europe, le Canada, la Chine, les Etats-Unis et l’Australie se taillent la part du lion. Il y a aussi des destinations plus inattendues, comme Istanbul. Aline Caloz en revient si émerveillée qu’on sentirait presque poindre dans sa voix les trémolos caractéristiques du syndrome de Stendhal : «C’était un séjour parfait, les cours étaient supers, Istanbul incroyable!»
Des craintes à balayer
Le plus surprenant, c’est que les statistiques du Service des relations internationales indiquent un léger fléchissement des départs à l’étranger ces dernières années. Les étudiants fribourgeois rechigneraient-ils à partir? «Cela reste un mystère, explique Bernard Ries, Vice-Recteur aux relations internationales, on peut supposer que la crainte de perdre un semestre, de ne pas se voir reconnaître les crédits, ainsi que les démarches à entreprendre avant un échange rebutent certains.» Aline Mabillard, à peine de retour de l’Université hébraïque de Jérusalem, juge ces craintes infondées: «Tous les cours que j’ai suivis ont été reconnus. Je n’ai donc pas perdu de semestre du tout!» Et Philippe Annoni, qui a passé un semestre au Japon, d’enfoncer le clou: «Avant mon départ, cette question des validations me donnaient aussi des sueurs froides. Mais une fois là-bas, j’ai commencé à m’en contreficher. J’ai appris à me débrouiller tout seul et, surtout, j’ai désormais un pied là-bas et cela va me servir toute ma vie. Cela vaut tous les crédits du monde!»
Des propos qui font écho à ceux de Nicolas Bouvier, le grand écrivain voyageur genevois qui s’exclamait dans sa Chronique japonaise: «Mais c’est le propre des longs voyages que d’en ramener tout autre chose que ce que l’on allait y chercher.»
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