A l’occasion du Global Ethic Day, le mercredi 21 octobre, Les Cafés scientifiques de l’Unifr se penchent sur les complexes relations entre éthique, science et médecine. Ivo Wallimann-Helmer, directeur de l’Environmental Sciences and Humanities Institute répond à nos questions.
Sciences, médecine et éthique: mariage pluvieux ou mariage heureux?
Il ne s’agit pas d’un mariage entre trois partis, mais d’un mariage entre l’éthique et les deux autres. Le mariage entre éthique et médecine correspond à une nécessité urgente, car de nombreuses décisions médicales impliquent des conflits éthiques. Mais s’il s’agit d’un large consensus en médecine, cette prise de conscience fait défaut dans de nombreux domaines des sciences. On pense que la science empirique est neutre en termes de valeur. Cependant, plus la recherche est pertinente pour l’application, plus grande devient la probabilité de conflits éthiques.
En cette époque troublée, la science et les scientifiques sont constamment sous les feux de la rampe et – par voix de conséquence – des critiques. Quels sont les enjeux ici, à votre avis?
A mon avis, l’objectif de toute apparition publique de la science devrait être critiquée ou mieux discutée. Car ce n’est que de cette manière que la science peut devenir pertinente pour la politique et la vie quotidienne. Cependant, il y a des limites à la critique légitime. Si les recommandations politiques des scientifiques sont légitimement sujettes à la critique du public, les résultats scientifiques, en revanche, doivent être discutés au sein de la communauté scientifique et non par des profanes.
Existe-t-il des normes éthiques à suivre ou des limites à ne pas franchir pour les scientifiques? Quelles sont-elles?
Il faut distinguer ici au moins deux domaines: l’éthique de la science et le comportement éthique de la science en public. L’éthique scientifique consiste à ne pas faire preuve d’inconduite scientifique et à respecter les règles générales de la recherche honnête. En public, je pense qu’il est important que les chercheuses et chercheurs fassent la distinction entre leur rôle de scientifiques et leur rôle de citoyens. En tant que scientifiques, ils ont un rôle consultatif. En tant que citoyens, ils sont autorisés à intervenir activement dans les événements politiques. Cependant, je ne pense pas qu’il soit permis d’instrumentaliser notre rôle de scientifique pour des intérêts politiques.
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