Xenia Haberditz, 23 ans, étudie la géologie en voie de master à l’Université de Fribourg. Son job à côté des études? Volontaire dans le Bataillon des sapeurs-pompiers de la Ville de Fribourg! Qu’est-ce qui l’a poussée à intégrer un groupe d’intervention d’urgence? Est-il facile de concilier ce travail avec les études? Comment se passe l’adaptation à un milieu majoritairement masculin? Réponses.
Depuis quand êtes-vous incorporée dans le Bataillon des sapeurs-pompiers fribourgeois?
Depuis 2017, je suis sapeur-pompier dans un groupe d’intervention. Concrètement, j’effectue le service de piquet 24/24h durant une semaine toutes les six semaines.
Pourquoi vous être engagée?
Mon père était déjà pompier en Autriche, puis à Fribourg. Depuis toute petite, j’ai vu les feux bleus, les camions d’intervention, les échelles: cela m’a donné envie. De plus, par rapport à mes études universitaires, je trouve que les activités au service du feu me fournissent un bon contrepoids. Auparavant, j’avais essayé un autre job dans une boulangerie. Mais il me manquait clairement l’action!
N’est-ce pas difficile de concilier ce travail avec vos études?
Au contraire, ce travail s’adapte très facilement aux études. Mes professeurs sont au courant de mon engagement chez les pompiers et se montrent très compréhensifs. Je les en informe avant le début des cours, pour qu’ils ne soient pas surpris s’il y a une alarme qui m’oblige à partir subitement. A d’autres moments, tels que des cours à présence obligatoire ou à Berne, des excursions, des camps de terrain ou les examens, il est évident que les études ont la priorité. Je dois simplement savoir m’organiser à temps pour être sûre qu’un collègue reprenne les heures ou les jours en question.
Quelle a été votre intervention la plus difficile?
Dans ma première année de volontariat, je rentrais chez moi, le soir, après une longue journée de travail. L’alarme a sonné pour un feu de grange à la suite d’un orage. Cela a duré jusqu’à 4 heures du matin, c’était très fatigant. Il y a aussi cette intervention qui s’est soldée par la mort d’une personne. Lorsque la famille de la victime est venue sur les lieux, je me suis rendue compte que j’avais fait des activités extrascolaires avec l’un de leurs fils. Comme Fribourg n’est pas une très grande ville et qu’on connaît souvent ses habitant·e·s, en cas de drame, cela nous affecte forcément. Il ne faut pas se cacher que le volontariat chez les pompiers peut être éprouvant, physiquement et psychologiquement.
Votre meilleur souvenir d’intervention?
Cela me fait toujours énormément plaisir de voir les gens soulagés et contents quand nous arrivons pour les secourir. C’est le côté social de notre travail. On se sent utiles et reconnus. Quand il y a la gratitude, c’est toujours un très bon souvenir.
En tant que femme, est-il facile de s’intégrer dans un milieu qui reste majoritairement masculin?
C’est peut-être un peu plus difficile au début, surtout quand on est une des plus jeunes du bataillon comme moi! Peut-être que ma pratique du judo (Xenia a obtenu la ceinture noire lors d’un séjour au Japon, ndlr) m’a facilité l’adaptation en me donnant une certaine condition physique.
Est-ce que le fait d’être une femme vous empêche d’effectuer certaines tâches ou au contraire cela vous favorise-t-il?
En général, une femme peut effectuer les mêmes tâches qu’un homme. Certes, celles qui demandent beaucoup de force sont plus exigeantes pour une femme que pour un homme. En revanche, nous sommes en général plus petites et plus légères, ce qui fait de nous de bonnes coéquipières pour travailler dans la nacelle de l’échelle automobile ou dans des endroits serrés.
Quel serait votre argument pour convaincre les gens de s’engager?
Je pense, tout d’abord, à la camaraderie. Les autres avantages, à mon sens, sont nombreux. Ce travail sort de l’ordinaire et on ne sait jamais ce qui va arriver. Il faut aimer le suspense! Je pense aussi que l’on apprend beaucoup de choses utiles dans plein de domaines différents au cours des formations et exercices. Je crois que le plus important, si l’on veut s’engager, c’est la motivation. Cependant, l’accord de l’entourage, de la famille ou des conjoints est également indispensable. Car on sacrifie une partie de sa vie privée au service des autres.
Dernière question en lien avec l’actualité. Est-ce que l’épidémie de coronavirus modifie la mission des pompiers?
La vie des pompiers continue comme auparavant, mais en prenant en compte les mesures annoncées par l’OFSP. Des adaptations pour respecter ces mesures ont été mises en place à la caserne et pour les interventions.
Le Bataillon des sapeurs-pompiers de la Ville de Fribourg recrute ses futurs membres, hommes et femmes, entre 18 et 45 ans. C’est une occasion unique de se mettre au service des citoyens en accomplissant des tâches utiles et concrètes, comme l’aide aux personnes en situation de détresse. Le Bataillon est au service de la population principalement lors d’incendies, d’inondations, d’accidents d’hydrocarbures et chimiques, ainsi que d’accidents de la circulation, mais aussi pour le déblocage d’ascenseurs, le sauvetage d’animaux, etc. Il est composé de volontaires qui reçoivent une formation et perçoivent une solde. Le Bataillon comprend une section d’intervention et une section logistique qui totalisent près de 130 personnes, sapeurs, sous-officiers et officiers. L’expérience montre que tous les candidat·e·s sélectionné·e·s possèdent des ressources et des compétences insoupçonnées. Intéressé·e ? Suivez les instructions: www.ville-fribourg.ch/feu-pompiers
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- Photo © Michel Chantoiseau
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