Depuis sa fondation, la principale association estudiantine de Suisse a tout vu, tout vécu, mais toujours survécu. Ce vendredi, l’UNES fête ses 100 ans. Gageons que cet âge vénérable n’éteindra pas ses saines passions!
Emaillée de ruptures et de réconciliations, l’existence de l’UNES trahit plus la fougue de la jeunesse que le consensus mou à la sauce helvétique. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir – comme chat sur braise, on vous rassure – sa tumultueuse histoire. Cette faîtière des associations d’étudiant·e·s suisses est portée sur les fonts baptismaux le 19 juin 1920. Deux ans plus tard, l’UNES matérialise déjà ses ambitions sociales en participant à la fondation d’un sanatorium à Leysin à l’intention des universitaires atteints de tuberculose! Dans l’Entre-deux guerres, l’UNES organise même des colonies de travail pour apporter de l’aide aux régions de montagne. Ces belles réalisations ne sauraient toutefois masquer les dissensions qui se font jour en coulisses. Constituée d’étudiant·e·s protestant·e·s s et catholiques, tantôt de gauche tantôt de droite, germanophones, francophones et italophones de surcroît, l’UNES va très vite être rattrapée, et violemment chahutée, par les vicissitudes du 20e siècle: durant la Seconde Guerre mondiale, l’association se solidarise avec les membres de l’Université d’Oslo, persécutés par les nazis, mais, paradoxalement, cherche aussi à entrer en contact avec les organisations d’étudiant·e·s fascistes d’Allemagne et d’Italie. La guerre froide n’arrangera rien à l’affaire, elle qui écartèle l’UNES comme elle divise le monde en deux blocs irréconciliables. Les tensions sont vives entre Romands, jugés plus à gauche, et Alémaniques plus libéraux. Certaines sections font défection et préfèrent quitter le navire. Pour apaiser les esprits, l’UNES décide alors de déplacer son siège à Berne, en 1960. Comme promis, nous n’allons pas dérouler ici tout le fil de cette histoire tumultueuse. Pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus, vous pourrez retrouver des informations plus détaillées sur cette page de l’UNES. Ah! et ultime anecdote pour la route: l’association estudiantine fribourgeoise Academia ne rejoindra l’UNES qu’en 1926, non sans avoir dû surmonter ses craintes face à cette association jugée trop protestante, libérale et socialiste pour être tout à fait honnête.
Rencontre avec Nino Wilkins, ancien co-président de l’UNES
Beaucoup d’étudiant·e·s ne connaissent pas l’UNES ou ne s’y intéressent pas. Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre cette association?
J’ai fait partie de l’Erasmus Student Network où se posait LA grande question: quand la Suisse pourra-t-elle réintégrer le programme de mobilité Erasmus +? C’est ce qui m’a poussé à m’engager davantage et, notamment, de postuler à la coprésidence de l’UNES, poste que j’ai occupé l’année dernière. J’ai notamment pu siéger au Conseil suisse des hautes écoles présidé par le Conseiller fédéral Guy Parmelin. C’était passionnant.
On peut donc accéder à la présidence de l’UNES, sans passer par le START?
En l’occurrence, oui! Il faut dire que l’UNES est souvent à la recherche de nouveaux membres, mais je pouvais tout de même me prévaloir d’une certaine expérience: je connaissais l’UNES et les enjeux politiques.
Est-ce un engagement rémunéré?
Comme notre budget est essentiellement basé sur les contributions des étudiant·e·s, on ne peut décemment pas se permettre des salaires de ministre. C’est donc un engagement défrayé, afin de permettre à toutes et à tous de s’engager.
L’UNES est-elle une association de gauche?
Nous sommes absolument neutres politiquement! Bien sûr, ce sont un peu toujours les mêmes partis qui nous soutiennent, mais nous ne sommes d’aucune façon liés à une formation politique et moins encore un «club de gauchistes». Notre comité exécutif compte d’ailleurs un jeune PLR en son sein. Nous ne sommes pas politiquement homogènes, à l’image du corps estudiantin.
Quels sont vos grands combats actuels?
Pour nos 100 ans, nous souhaitons que les hautes écoles intègrent davantage les étudiant·e·s dans les processus décisionnels. Au Conseil suisse des hautes écoles, nous n’avons qu’une voix consultative. Ça ne saurait suffire. Nous voulons également que Berne débloque des fonds pour des projets de durabilité dans les hautes écoles. Comme je l’ai dit, nous nous battons pour que la Suisse rejoigne enfin le programme Erasmus +. Nous traitons également d’autres thèmes, comme la santé mentale des étudiant·e·s, l’égalité, etc.
Vous terminerez très bientôt vos études. Allez-vous devoir quitter l’UNES?
Je n’y serais pas obligé, mais j’estime que, pour ce poste, il faut une proximité avec les études et la vie estudiantine. Je ne vais donc pas m’accrocher et, j’insiste, nous sommes toujours à la recherche d’étudiant·e·s motiv·é·e·s!
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