L’éloquence, c’est «mettre le beau au service du rien»

L’éloquence, c’est «mettre le beau au service du rien»

Vincent Schicker est l’un des deux finalistes fribourgeois qui représentera l’Unifr au concours d’éloquence 2021, le 6 mai prochain à Genève. Entretien avec un concurrent motivé et inspiré.

MT180, Science Slam, concours d’éloquence… Qu’est-ce qui fait la particularité de ce dernier?
MT180 présente des travaux de recherche scientifique sous un angle accessible au public. Le Science Slam également, d’une façon plus artistique… Les interprétations de l’éloquence sont variées, souvent évoquées comme étant «l’art de persuader que l’autre a tort» ou «l’art de convaincre», c’est selon moi «mettre le beau au service du rien». On utilise des éléments de langage, on joue avec la langue, tout ça pour présenter un raisonnement, souvent philosophique, se basant sur une citation quelconque ou sur une question vague à laquelle on apporte une réponse. En somme, aucune production intellectuelle, uniquement la maîtrise de la langue.

Qu’est-ce qui vous attiré dans ce défi ?
Je fais du théâtre depuis plusieurs années, je suis à l’aise dans les discours devant de larges publics, mais jamais encore je n’avais participé à un concours d’art oratoire. J’avoue que la notion elle-même me semble encore maintenant assez surannée, mais se confronter aux contraintes liées à ce format est un exercice formateur: durée stricte, sujet imposé, question spontanée du jury à la fin de notre discours… Et surtout réussir à faire un discours qui puisse se démarquer des autres!

Comment vous êtes-vous préparé?
Ma préparation était finalement assez similaire à celles de mes présentations de séminaire à l’université: je lance mes idées au brouillon, j’organise un peu pour dégager deux ou trois grands axes qui articulent ma réflexion, et ensuite je travaille dessus pour mettre en valeur certains aspects, en effacer d’autres, «trouver le bon mot» (qui est souvent meilleur quand il est spontané et pas préparé). J’ai également demandé de l’aide à un ami qui fait partie d’un club de débat pour qu’il puisse mieux m’indiquer les exigences du format, et les attentes du jury vis à vis des candidat·e·s.

Cette année, il est difficile d’anticiper si une manifestation aura lieu en présentiel ou en ligne. Cela a-t-il changé votre approche?
Pas vraiment, finalement je me doutais que le format se ferait avec les candidat·e·s et le jury en présentiel, et le public chez soi. Ma seule grande frustration était, pour la sélection fribourgeoise, d’être cantonné derrière mon pupitre (caméra fixe oblige), m’empêchant de me déplacer librement comme j’ai l’habitude de le faire.

Comment se passe l’attribution des thématiques? Y en a-t-il que vous redoutez plus que d’autres?
Pour la sélection fribourgeoise comme pour la finale à Genève, plusieurs sujets sont proposés et nous devons en choisir un. Par exemple, pour Fribourg, j’avais préparé le sujet «Sommes-nous condamnés à répéter l’histoire?». Il y avait également un sujet sur l’humour, sur l’injustice du système judiciaire ou encore sur l’amour, source d’épuisement. Pour la finale, nous devions choisir parmi 3 citations et nous positionner pour ou contre. J’ai, cette fois, choisi la citation de Ionesco «Vouloir être de son temps, c’est déjà être dépassé», avec laquelle je suis d’accord. Le choix est toujours difficile, car chaque sujet a des implications philosophiques sans fin, chaque sujet peut intéresser, chaque sujet peut être source d’inspiration. Je redoute assez la finale, car commenter une citation me semble un exercice plus ardu que simplement répondre à une question… Mais advienne que pourra!

Qu’espérez-vous retirer de cette aventure?
Un bon apéro à Genève après la finale? Plus sérieusement, le simple fait d’avoir osé essayer, d’avoir osé m’aventurer sur le territoire des étudiant·e·s de droit, d’avoir pu aller à la finale genevoise est un plaisir en soi. Apprendre à modeler son discours avec des contraintes strictes est un excellent exercice!

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Vincent Schicker est arrivé à Fribourg en 2014. Etudiant en master d’histoire et français, il pratique également le théâtre, la musique et la danse dans son temps libre. Quand il n’est pas sur les planches (de la scène ou du parquet de danse) ou en train de boire un verre de fendant en terrasse, il prépare un mémoire sur le folklore fribourgeois et ses représentations dans les années 1920 à 1970.

Le Concours d’éloquence est organisé à Fribourg par l’Elsa Fribourg. Les concurrents qui remportent l’étape fribourgeoise participent ensuite au Concours romand mis sur pied par le Club genevois de débat. Cette année, la finale aura lieu en ligne, le 6 mai 2021. Suivre le concours en direct sur Youtube.

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Author

Exerce d’abord sa plume sur des pages culturelles et pédagogiques, puis revient à l’Unifr où elle avait déjà obtenu son Master en lettres. Rédactrice en chef d’Alma & Georges, elle profite de ses heures de travail pour pratiquer trois de ses marottes: écrire, rencontrer des passionnés et partager leurs histoires.

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