Les étudiant·e·s de l’Université de Fribourg sont parmi les plus actives et actifs du pays, selon une étude. Il faut dire que le Service du sport de l’alma mater jouit de plus de 100 ans d’expérience. Reste qu’avec la pandémie, continuer à faire bouger les jeunes est un vrai défi.
Ce n’est un secret pour personne, le cerveau des étudiant·e·s de l’Université de Fribourg est musclé. Ce que l’on sait moins, c’est que leur corps l’est aussi. D’après une étude menée par Lamprecht et Stamm, dont les résultats ont été publiés l’été dernier, la moitié des étudiant·e·s de l’alma mater fribourgeoise profitent au moins une fois par semaine de l’offre mise à leur disposition par Unisport. Un succès qui fait de l’Unifr la championne suisse en la matière, ex-aequo avec l’EPFZ.
Il faut dire que les jeunes femmes et hommes qui fréquentent la haute école ont l’embarras du choix en termes d’activité physique. Le Service du sport universitaire leur propose près de 140 cours par semaine, portant sur près de 70 activités différentes par semestre, relevant aussi bien de l’endurance que de la force, de la souplesse ou encore du bien-être. Et ce malgré un budget bien inférieur à celui des plus grandes universités du pays. «Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur une longue tradition, puisque le sport est entré à l’Unifr en 1899 déjà», commente Marcel Lanzilao, co-directeur (avec Fabian Binggeli) d’Unisport. Sans oublier de mentionner que l’actuelle Rectrice Astrid Epiney «est une grande adepte d’activité physique».
© Volker Graf
Pour mémoire, l’offre d’Unisport est destinée aussi bien au corps estudiantin qu’aux collaboratrices et collaborateurs de l’Unifr, ainsi qu’aux ancien·ne·s étudiant·e·s des universités suisses et aux étudiant·e·s du réseau HES. «Au total, environ 15’000 personnes sont abonnées», précise Marcel Lanzilao. Ce sont justement les abonnements «externes» qui garantissent une partie du financement de la structure. Le reste est assuré «par une part de la taxe d’inscription des étudiant·e·s, qui nous revient».
Papillonnage encouragé
Mais pourquoi donc une université, établissement de formation intellectuelle par excellence, se préoccupe-t-elle tellement de la santé physique de ses membres? «Cela n’est plus à prouver: pour assurer un maximum de performance cérébrale, il faut veiller à un bon équilibre entre activité physique et mentale», note le chef d’Unisport. Sans oublier la possibilité de déconnecter qu’offre la pratique sportive, ni les bénéfices sociaux. «Transpirer durant une heure avec d’autres gens, c’est une occasion en or de se constituer un réseau.»
Soucieuse de faire bénéficier un maximum d’étudiant·e·s de ces bienfaits, l’Université de Fribourg profile son offre de façon diamétralement différente par rapport aux autres structures existantes sur le marché, qu’il s’agisse de salles de fitness, de clubs sportifs ou d’associations. «Il y a d’abord nos prix, imbattables en comparaison de ceux de la ‹concurrence› privée.» Mais plus encore, c’est la philosophie d’Unisport qui constitue sa marque de fabrique. «Notre but – et notre rôle – est d’allumer une étincelle auprès des étudiant·e·s, de leur donner envie de bouger, quelle que soit la discipline choisie», affirme Marcel Lanzilao. Pour ce faire, «nous les encourageons à papillonner, à essayer toutes sortes d’activités, sans devoir s’engager pour un semestre entier». Les chiffres sont parlants: «Nous constatons, dans la plupart de nos cours, que seuls environ un tiers des visages sont chaque fois les mêmes.»
Trop-plein d’écrans
Mais que se passe-t-il donc lorsque tout s’arrête brusquement, comme cela a été le cas lors des semi-confinements de 2020 et 2021? «Notre préoccupation principale était de faire en sorte que les étudiant·e·s continuent à bouger; ce d’autant plus que nombre d’entre elles et eux ont vu leur activité physique de base, assurée par exemple par les trajets quotidiens à pied ou à vélo, chuter drastiquement.» Dès le mois de mars 2020, Unisport a mis en ligne des playlists et vidéos sur YouTube, permettant notamment de pratiquer (chez soi ou à l’extérieur) le yoga, la danse, le fitness, le VTT ou encore la boxe. «Actuellement, plus de 200 vidéos sont disponibles en ligne», se réjouit le co-directeur.
La pandémie a donné lieu à plusieurs observations intéressantes, relève Marcel Lanzilao. «Le comportement des étudiant·e·s de l’Unifr en matière d’activité physique a été très variable: certain·e·s ont presque totalement arrêté de bouger; d’autres, au contraire, sont devenu·e·s beaucoup plus fit qu’avant.» Autre constat étonnant, «alors que le format virtuel de certains cours, tels que ceux de yoga, aurait potentiellement pu attirer davantage de participant·e·s que le format traditionnel, cela n’a pas été le cas». Le spécialiste suppose que le trop-plein d’écrans pourrait expliquer cette réticence. «A l’inverse, dès que nous avons pu recommencer à offrir des cours en présentiel, nos abonné·e·s se sont rué·e·s.»
Forte des expériences réalisées durant la crise sanitaire, l’Unifr (en partenariat avec le Groupe E) a inauguré, à l’occasion de la journée portes ouvertes Explora, un parcours sportif et touristique au cœur de la ville de Fribourg, baptisé Friathlon. L’itinéraire, qui relie le campus Miséricorde au campus de Pérolles et comporte 15 étapes, peut être effectué en courant ou en marchant. A chaque poste, les visiteuses et visiteurs se voient proposer un exercice à réaliser sur place, en s’aidant parfois du mobilier urbain. Une manière de plus de s’assurer que le corps des étudiant·e·s est suffisamment robuste pour soutenir leur tête bien pleine.
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en est convaincu: toute augmentation de l’activité physique entraîne un bénéfice supplémentaire pour la santé. Dans l’idéal, les adultes devraient faire de l’exercice d’intensité moyenne durant deux heures et demie minimum par semaine. Cette recommandation de base peut être remplacée par la pratique d’un sport ou d’une activité physique intense d’une heure et quart par semaine au moins, précise l’OFSP sur son site internet. L’idéal est de répartir ces efforts sur plusieurs jours.
«Le service minimum, c’est d’introduire un peu de mouvement au quotidien, par exemple en gravissant systématiquement les escaliers et en effectuant le maximum de trajets à pied ou à vélo», complète Marcel Lanzilao. Le responsable d’Unisport conseille aussi «d’augmenter l’intensité de l’effort de temps en temps, ce qui stimule la production d’hormones ‹du bonheur› et entraîne une plus grande sensation de fierté». Encore plus important: «A chaque séance d’entraînement, il faut sourire au moins une fois!»
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- Image de une: © Ibrahim Nimaga