L’Unifr est à la pointe en termes de mobilité des professeur·e·s, mais peut et doit encore développer la mobilité estudiantine. Bernard Ries, vice-recteur en charge des Relations internationales, s’emploie à en développer les conditions cadre – malgré la pandémie de covid-19, la crainte d’une prise de retard dans un cursus académique ou la rupture des négociations sur l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE. Rencontre.
Bernard Ries, vice-recteur de l’Unifr, en est convaincu: «Les étudiant·e·s doivent mieux comprendre les plus-values académiques et personnelles d’un semestre ou d’une année de mobilité à l’étranger, même si cela demande des efforts. Intégrer la mobilité leur permet de mieux se préparer au monde du travail, de s’ouvrir à l’interculturalité et de gagner en ouverture d’esprit: les efforts d’organisation s’avéreront à coup sûr payants.» En d’autres termes: les voyages sont formateurs!
La mobilité, Bernard Ries en est l’exemple vivant: Luxembourgeois, ce docteur en mathématiques a effectué ses études à l’EPFL et une année d’échange à Montréal lors de son master. Il a transité pour une année post-doc par la Columbia University de New York, puis une autre comme professeur assistant à la Warwick University à Coventry. Enfin, il a officié durant 5 ans comme maître de conférences à l’Université Paris-Dauphine avant de rejoindre l’Université de Fribourg. C’est donc en pleine connaissance de cause qu’il y développe les programmes d’encouragement à la mobilité, tant estudiantine que pour les enseignant·e·s.
Vice-Recteur depuis 2019, il est en effet en charge, entre autres, des Relations internationales auprès du Rectorat. Il en dirige le Comité de coordination aux côtés de la Direction académique et du Service des relations internationales, qui gère entre autres l’administration des accords de coopération inter-universitaires et la mobilité des étudiant·e·s et professeur·e·s. Et il fait également partie de la Commission des Relations Internationales, une instance composée de représentant·e·s des facultés et des étudiant·e·s qui détermine, notamment, l’attribution des bourses accordées aux doctorant·e·s et post-doctorant·e·s.
L’Unifr, championne de la mobilité des professeur·e·s
Si les facultés ne sont pas toutes égales en termes d’encouragement à la mobilité, la Faculté de droit se montrant par exemple très active, alors que celle des sciences et de médecine est moins présente, les structures centrales les soutiennent dans le développement de leurs propres partenariats avec d’autres universités suisses ou étrangères. Un édifice à succès, puisqu’il positionne l’Unifr comme la championne de la mobilité des professeur·e·s au sein du programme SEMP (Swiss European Mobility): en 2018-19 et 2019-20, elle a en effet dominé le classement des universités helvétiques en termes d’envoi et d’accueil.
Mais l’Université de Fribourg et les diverses facultés peuvent et doivent encore mieux faire en termes de mobilité estudiantine: «Les semestres ou années d’échange sont encore trop souvent vus comme un facteur de retard dans le cursus académique, alors qu’il s’agit pour un·e étudiant·e de saisir la chance d’une expérience littéralement extraordinaire, à la fois pour sa formation et pour son développement personnel lorsqu’il en est encore temps, avant de se plonger dans une carrière professionnelle ou dans un projet de famille qui érigent de nouvelles contraintes.»
Lever les freins à la mobilité des étudiant·e·s
Il s’agit donc de lever les freins à la mobilité: de manière structurelle, en prévoyant par exemple des fenêtres ouvertes pour la mobilité dans les voies d’études des facultés, à l’exemple des stages dans les formations professionnelles; mais aussi en convaincant les étudiant·e·s de la plus-value d’une telle expérience, même si elle implique de s’éloigner de sa famille et de ses ami·e·s, de mettre son job accessoire entre parenthèses ou encore un engagement financier certain, qui peut toutefois être pallié par une offre attractive de bourses et financements.
Nommé au Rectorat jusqu’en 2024, Bernard Ries s’est donc attelé à un ambitieux programme d’activités poursuivant plusieurs objectifs prioritaires: «Nous avons déjà mis en place un soutien pour des Summer et Winter Schools pour les niveaux bachelor, master et doctorat. Nous travaillons aussi à étendre les offres de doubles diplômes et joint degrees, au niveau master. Enfin, si nos accords de partenariat sont nombreux, surtout en Europe, nous cherchons à les élargir en Asie, où la Suisse est considérée comme un pays privilégié pour la qualité de sa formation académique.» Une feuille de route qui, hélas! a subi de plein fouet l’irruption de la pandémie.
«Le Covid-19 a agi comme un frein important et constitue désormais notre souci principal. Avant la pandémie, nous avions déjà constaté une baisse de quelque 13% des chiffres de la mobilité estudiantine en 2 ans, et celle-ci s’est naturellement effondrée lors de l’année académique 2020-21. Mais la demande pour l’année en cours repart à la hausse.» Traduit en chiffres, si l’on considère les seul·e·s étudiant·e·s des facultés les plus ‹mobiles› que sont celles de droit, des sciences économiques et sociales et du management, des lettres et des sciences humaines: nous sommes passés, en deux ans, de 239 séjours à 124. Sur le podium des destinations les plus attractives, nos trois grands voisins: l’Allemagne, la France et l’Italie. On y a toutefois constaté une érosion de 81 à 38 séjours, alors que hors Europe les séjours se sont effondrés de 49 à 8; mais l’amélioration de la situation sanitaire marque déjà une nette reprise, avec 30 séjours planifiés hors Europe pour l’année académique en cours.
Quoi de neuf à l’horizon européen?
Et qu’en est-il de la rupture des négociations sur l’accord-cadre entre la Suisse et l’Union Européenne, actée en mai dernier? Pour Bernard Ries, «cela n’aura aucun impact sur les programmes de mobilité estudiantine SEMP que la Suisse a mis en place en[UMO1] 2014 pour remplacer les accords Erasmus. Par contre, cette décision aura un effet sur la participation des chercheuses et chercheurs, et celle des instituts suisses, aux programmes de recherche de l’UE.» Une perte d’attractivité et de compétitivité de la place académique suisse, désormais exclue du programme scientifique Horizon Europe, contre laquelle la présidente de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national, la socialiste fribourgeoise Valérie Piller Carrard, va se mobiliser afin que «le Conseil Fédéral mette rapidement en place une stratégie».
La mobilité et les échanges étant bidirectionnels, avec un afflux d’étudiant·e·s et de professeur·e·s en provenance essentiellement d’Europe mais aussi du monde entier vers Fribourg, il reste à espérer que l’attractivité de l’Unifr n’en soit pas affectée: «Avec l’atout unique du bilinguisme et une offre étendue de cours en anglais, mais aussi sa taille humaine qui offre, plus qu’ailleurs, proximité et contacts privilégiés entre étudiant·e·s et professeur·e·s, ainsi que sa qualité d’enseignement largement reconnue auprès de nombreux partenaires, l’Unifr est positionnée comme une université globale avec des filières de référence au niveau international.»
Pour garder intactes les chances des étudiant·e·s fribourgeois·e·s de profiter pleinement de ces échanges académiques et de vivre une aussi riche expérience, Bernard Ries continuera à se battre avec force et conviction.
__________- Bernard Ries est vice-recteur de l’Université de Fribourg depuis 2019, en charge notamment des Relations Internationales.
- Site du Service des relations internationales
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