Photographier la naissance d’un océan

Photographier la naissance d’un océan

Valentin Rime a remporté le concours de photographie scientifique 2021 du Fonds national suisse dans la catégorie «Les lieux et les outils». Sur cette image volcanique, c’est tout l’enjeu de la recherche qui se joue.

En tant que scientifique, pourquoi participer à un concours photo?
En tant que scientifique, nous travaillons sur des domaines pointus, qui semblent parfois incompréhensible au grand public. Pourtant la recherche est faite pour la société et c’est, par ailleurs, elle qui la finance. Je considère donc que devons partager nos expériences et nos résultats avec elle. Participer à un concours photo me permet de toucher le grand public avec une photo qui illustre non seulement l’intérêt de nos recherches, mais qui me permet aussi de partager un moment fort que j’ai eu la chance de vivre grâce à la recherche.


Valentin Rime devant les paysage de l’Afar, Ethiopie

Est-ce que vous voyez un lien entre votre travail scientifique et la pratique de la photographie?
La photographie est un outil de recherche scientifique particulièrement important dans le cadre d’exploration de terrain. En géologie, une quantité impressionnante d’informations peut déjà être exploité à partir d’une photo de paysage. Mais parfois, ces photos révèlent aussi un intérêt artistique.


La photo, intitulée «Witnessing the birth of a new ocean» a remporté le 1er prix de la catégorie «Les lieux et les outils».

Vous avez gagné le premier prix d’une rubrique bien particulière. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit? Que représente votre image?
J’ai gagné le prix de la catégorie «Les lieux et les outils».  Ma photo représente un cratère volcanique actif survolé par un drone qui effectuait des relevés photogrammétriques. Dans ce sens, elle représente le lieu, l’outil de mesure, mais également l’objet de l’étude. Le cratère est entouré de coulée de laves vieilles de seulement 3 ans qui représentent, à toute petite échelle, le début de la formation d’une nouvelle croûte océanique. En zoomant, on peut voir des géologues sur le bord du cratère, ce qui souligne le gigantisme de ces phénomènes naturels.

Avez-vous d’autres projets?
Durant mon travail de terrain, j’ai essayé de filmer nos activités et je souhaite monter un film pour montrer au grand public ce que représente un voyage d’exploration scientifique.

«La science dans les régions reculées est toujours un défi»

Le volcan Erta Ale est situé dans le rift Danakil, en Éthiopie, où le déchirement d’un vieux continent forme lentement un nouvel océan exprimé par ces coulées de lave. Cette photo montre la caldeira du sommet qui expulse des gaz volcaniques brûlants. Les coulées de lave magnifiquement structurées ont été déposées lors d’une éruption majeure en 2017. «Lorsque nous avons capturé ce moment, une éruption était en cours sur le flanc du volcan, à moins de 3 kilomètres de là, explique Valentin Rime. Les géologues qui se tiennent sur le bord de la caldeira (en haut à droite) soulignent le gigantisme de ces processus naturels. La science dans les régions reculées est toujours un défi. Au milieu d’un désert brûlant, avec très peu de temps pour la collecte de données, nous avons travaillé toute la nuit pour mesurer l’activité volcanique. Au petit matin, nous avons lancé une aile volante pour une étude photogrammétrique. Nous nous sommes mis au défi de prendre une photo de celle-ci au-dessus de la caldeira avec un deuxième drone. La caldeira a un diamètre de 120 mètres.»
Jury impressionné
La photo, qui a remporté le 1er prix dans la catégorie «Les lieux et les outils» a provoqué un commentaire élogieux du jury: «Cette photo très esthétique a impressionné le jury par sa qualité photographique: elle montre la caldeira d’un volcan d’un point de vue saisissant mais reste suffisamment abstraite pour susciter également de nombreux autres types d’interprétations. Le volcan géant et puissant contraste avec un détail minuscule qui, à y regarder de plus près, semble être un drone, volant à plus basse altitude et capturé par un autre drone. D’un point de vue épistémologique, ce type d’observation de second ordre symbolise la nécessité ultime d’une remise en question permanente dans la recherche, car il révèle la fabrication de la recherche elle-même, en abordant ses outils de manière transparente.»

Author

Exerce d’abord sa plume sur des pages culturelles et pédagogiques, puis revient à l’Unifr où elle avait déjà obtenu son Master en lettres. Rédactrice en chef d’Alma & Georges, elle profite de ses heures de travail pour pratiquer trois de ses marottes: écrire, rencontrer des passionnés et partager leurs histoires.

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert