«Sortir de sa zone de confort, c’est apprendre à se connaître»

«Sortir de sa zone de confort, c’est apprendre à se connaître»

Caroline Bridel, doctorante à l’Unifr, est résidente à l’Institut suisse de Rome pour l’année académique 2021-2022. Elle nous raconte à distance sa parenthèse italienne.

Comment se passe votre vie estudiantine à Rome?
En tant que doctorante en archéologie, être à Rome, c’est être à la source. Dès qu’on travaille sur la civilisation romaine, l’Institut suisse est pratiquement un passage obligé.

Mes journées de base se partagent entre des visites de musées et du travail en bibliothèque, à l’Institut ou dans d’autres académies. Nous avons accès à des livres et à des collections qui ne se trouvent pas dans nos universités suisses.

Une chose très particulière liée à mon séjour à Rome, c’est l’étude des catacombes. C’est juste incroyable d’avoir la possibilité d’être sur place, de pouvoir rencontrer des spécialistes, notamment pour moi des archéologues, qui fouillent dans ces endroits. C’est un cadre idyllique.

Au niveau de la vie personnelle, Rome est une ville très animée, il y a beaucoup de choses à faire, à vivre. Chacun·e des résident·e·s a une vision différente de la ville et c’est justement une des particularités de l’Institut suisse. Côtoyer à la fois des chercheuses et chercheurs et des artistes est un échange forcément très riche.

Les visites font-elles partie du programme interdisciplinaire Roma calling?
Oui, chacun·e a une activité à organiser à laquelle les autres résident·e·s ont le choix de participer ou non. Pour ma part, j’ai proposé la visite des catacombes. En étant résident·e·s à l’Institut suisse, nous aurons accès à des catacombes qui sont, en temps normal, fermées au public et nous aurons la chance d’avoir une visite guidée avec des archéologues spécialistes de cette discipline.

Il y a aussi des activités communes organisées par l’Institut lui-même, des visites de Rome ou des excursions à l’extérieur de la ville et trois voyages selon nos propres intérêts. C’est à nous d’en discuter et de décider de l’endroit à visiter. Toutes ces sorties font partie du programme pluridisciplinaire.

Les visites des musées et des incontournables de Rome sont-elles gratuites pour les résident·e·s?
Nous avons une carte qui nous est octroyée par l’Etat italien et qui nous donne accès gratuitement ou à prix réduits aux musées et aux sites.

La vie en communauté avec les autres artistes et scientifiques est-elle difficile?
Il y a toujours de bons échanges, de belles ambiances et c’est plaisant d’avoir quelqu’un auprès de soi pour faire des activités ou discuter, même si cette personne n’est pas du même domaine académique. Mais nous pouvons aussi garder notre indépendance et nous retrouver seul·e si le besoin se fait ressentir.

Comment arrivez-vous à mettre en corrélation les divergences entre ces différents esprits? Les ponts relationnels sont-ils plus laborieux à construire?
Il faut avoir la curiosité et l’envie de découvrir. Ce sont des qualités essentielles pour vivre en communauté. En tant que chercheuse, je suis parfois invitée à des vernissages d’artistes. C’est très intéressant d’avoir quelqu’un qui nous ouvre la porte d’un monde que l’on ne connaît pas et qui nous y guide à l’intérieur. Et nous-mêmes, en tant que chercheuses et chercheurs, nous pouvons aussi apporter une certaine inspiration aux artistes. C’est sûrement même plus facile dans ce sens. Pour un artiste, il est plus difficile d’avoir un impact sur le monde académique.

Qu’aimeriez-vous entendre aujourd’hui en tant que future étudiante?
Dès le début de mes études, je connaissais la possibilité de résider pour quelques mois à l’Institut suisse et c’est finalement uniquement au moment où j’ai postulé que je me suis rendu compte du côté prestigieux de cet endroit. Je dirais aux prochain·e·s résident·e·s de ne pas hésiter à contacter les responsables des universités pour obtenir des conseils sur la postulation. C’est vraiment important pour mettre toutes les chances de leur côté.

Les personnes externes à l’Institut peuvent-elles participer aux événements organisés?
Tout à fait, les événements qui se déroulent à l’Institut sont ouverts au public. En ce moment-même, nous avons une exposition jusqu’à la fin janvier, ouverte du mercredi au dimanche.  Lors de la soirée de présentation des nouveaux résident·e·s, nous étions plus de huit cents au concert donné dans les jardins de la Villa. Ces expositions, conférences et événements font partie du calendrier des activités culturelles qui se déroulent sur le site de l’Institut.

Vous arrivez tout de même à trouver un espace calme dans la Villa?
Il y a pas mal de passage dans l’Institut, mais on se rend vite compte qu’on ne peut pas assister à toutes les représentations ou conférences. Il y a néanmoins un étage de la résidence qui nous est entièrement réservé et je peux aussi trouver ma sphère de calme à la bibliothèque. De plus, les conférences ont lieu dans une annexe et, très souvent, je ne vois même pas les gens qui entrent ou qui sortent.

Votre endroit préféré dans la Villa?
Ce n’est pas facile de choisir, mais l’incontournable de la Villa, c’est quand même la tour! Les couchers de soleil sont stupéfiants.

Vous rentrerez transformée de ce voyage?
Oui, ma thèse aurait été complètement différente si je n’avais pas eu cette opportunité. Je me suis ouverte à une autre dimension au niveau de mes recherches et je n’aurais pas pu le faire en restant à Fribourg.

Au niveau de l’expérience humaine, vivre à l’étranger, c’est sortir de sa zone de confort et cela permet d’apprendre à se connaître soi-même. En Suisse, nous avons souvent notre même cercle d’ami·e·s et de contacts tandis qu’ici, à l’Institut suisse, ce cercle est constamment élargi.

Un retour en Suisse qui sera difficile donc?
Oui et non. J’ai toujours envisagé ce voyage comme une parenthèse, un chapitre de ma vie. En faisant partie d’un projet FNS, mes collègues sont à Fribourg et c’est avec eux que j’ai le plus d’échanges. Autant je vois ce que la Ville de Rome peut m’apporter, autant je sais ce que j’ai déjà en Suisse et que je serai heureuse de retrouver l’été prochain.

Pour finir, une anecdote à nous raconter?
Une anecdote de bienvenue: le deuxième jour de mon arrivée à l’Institut suisse, j’ai reçu un pass de trois jours pour participer au Festival de Film de la Villa Médicis. C’est quand même quelque chose d’extraordinaire que de regarder des films au-dessus de la célèbre Place d’Espagne. C’est une belle entrée en matière!

L’Istituto Svizzero
L’Istituto Svizzero offre chaque année à plus d’une douzaine de jeunes chercheur·euse·s doctorant·e·s, post-doctorant·e·s et artistes une résidence à Rome, Milan ou Palerme. Sa programmation originale et stimulante permet de construire des ponts entre le monde des arts et celui de la science. Expositions, conférences, rencontres, concerts, l’Istituto Svizzero soutient et diffuse la recherche et l’art depuis 1947 et contribue au rayonnement culturel et académique de la Suisse en Italie. Sa mission est d’offrir aux artistes et aux scientifiques la possibilité de poursuivre et développer leurs recherches et activités en lien avec l’Italie, tout en développant leurs réseaux et collaborations.> Toutes les infos sur le site de l’Institut

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  • Caroline Bridel a étudié l’archéologie classique et l’égyptologie. Elle est doctorante à l’Université de Fribourg et prépare actuellement sa thèse dont le sujet porte sur la fabrique des premières images chrétiennes, une étude entre images et textes, archéologie et histoire des religions. Sa thèse contribue au projet de FNS-Eccellenza sur la compétition religieuse dans l’Antiquité tardive.

Author

Diplômée de l’école de commerce, ayant longtemps travaillé dans le domaine social, j'ai réorienté ma carrière professionnelle suite à la parution de mon premier livre aux Editions Faim de Siècle. J’ai obtenu en 2020 un CAS en techniques de la communication écrite de l’Université de Genève. Rédactrice indépendante, mes thèmes de prédilection sont la mobilité, les loisirs et les événements culturels.

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