Place à la nouvelle génération

Place à la nouvelle génération

La Société suisse pour les Neurosciences (SSN) a tenu son rendez-vous annuel le 11 juin 2022 à l’Université de Fribourg. Après une édition 2021 annulée et une édition 2022 reportée de février à juin, le congrès, organisé conjointement par l’Unifr et l’Università della Svizzera Italiana, a été l’occasion pour les neuroscientifiques suisses de se rencontrer, d’assister à des présentations scientifiques de grande qualité, et d’échanger sur leurs propres recherches.

Dès le vendredi, une quarantaine de jeunes chercheuses et chercheurs se sont réuni·e·s pour le «ySSN», ou «young» SSN meeting, un minicongrès organisé pour donner l’occasion aux jeunes générations de neuroscientifiques, essentiellement des doctorant·e·s, post-doctorant·e·s, et jeunes chef·fe·s de groupe d’échanger, de partager leur travail et de faire connaissance.

«Nous voulions permettre aux chercheuses et aux chercheurs en début de carrière d’exposer leur travail et de recevoir un retour», explique Samy Rima, post-doctorant au Département de Médecine de l’Unifr et organisateur de l’évènement. «Il n’est souvent pas facile d’assurer une place de présentation à la jeune génération lors du congrès principal. De plus, la pression est moindre, ce qui offre une atmosphère plus détendue et plus propice à la discussion entre pairs.» Les participant·e·s ont eu l’occasion de présenter leurs travaux lors de nombreuses conférences ou autour de posters exposant leurs derniers résultats. Pour clore la journée, les jeunes chercheurs·euses ont pu assister à une projection du film Cinq nouvelles du cerveau de Jean-Stéphane Bron, et échanger de manière informelle avec leurs collègues et des enseignant·e·s sur l’éducation, les méthodes didactiques et l’acquisition de connaissances.

Succès pour les neurosciences suisses malgré la covid
Cette année, les deux présentations principales ont été données par les Professeurs Wolfram Schultz, alumnus de l’Unifr, et Antonio Pisani, de l’Université de Pavie. Michael Schmid, professeur au Département de médecine et coorganisateur de l’évènement, est, comme un grand nombre de ses collègues, particulièrement fier de la venue du Professeur Wolfram Schultz: «Nous étions particulièrement enthousiastes à l’idée de le ‹ramener à la maison›. Il s’agit, en effet, d’un neuroscientifique de renommée mondiale, qui a été professeur de neurophysiologie à l’Unifr entre 1977 et 2001.»

Wolfram Schultz est l’un des pionniers de la recherche sur le système de récompense dans le cerveau. Alors qu’il travaillait sur le campus de Pérolles, il a découvert comment les neurones dits «dopaminergiques» de notre cerveau codent la valeur subjective des choses, la récompense, ou la surprise d’un évènement inattendu. Lors de son exposé, le Professeur Schultz est revenu sur les découvertes principales que lui et son équipe avaient faites à l’Unifr, des travaux qui ont ouvert la voie à la recherche sur les processus de récompense et d’apprentissage. Il a expliqué, ponctuant ses démonstrations d’exemples amusants et de références à son passage à Fribourg, comment le cerveau utilise chaque évènement qui provoque une émotion, ou chaque apprentissage, pour prendre des décisions et définir nos actions suivantes. Il a aussi tenu à rappeler aux jeunes chercheuses et chercheurs présent·e·s dans la salle, comme aux plus ancien·ne·s, l’importance de la liberté de poser des questions, et surtout de prendre plaisir à trouver des réponses sans subir une pression extérieure trop forte.

Après cette entrée en matière passionnante, et une occasion parfaite pour rappeler l’importance de l’Unifr dans la recherche en neurosciences depuis de nombreuses années, le congrès a pu aborder une grande variété d’autres thématiques, comme, par exemple, les nouveaux outils et méthodes de la branche, la neuro-inflammation, ou encore les mécanismes de la conscience et la neuro-réhabilitation.

Coup d’œil sur les organisatrices et organisateurs de l’Unifr
«La préparation de ce congrès dure depuis 2 ans et demi. Ce qui signifie que ce sera le congrès le mieux organisé que l’on n’ait jamais eu.» La présidente de la SSN, Anita Lüthi (Unil), a ouvert le congrès sur ces mots d’humour, avant de remercier spécialement les organisatrices et organisateurs, en particulier Michael Schmid, pour avoir organisé, puis réorganisé, le congrès, tout en parvenant à maintenir le programme et la logistique, malgré les difficultés liées à la pandémie. Une dizaine de professeur·e·s de l’Unifr et de l’Università della Svizzera Italiana lui ont prêté main forte.Michael Schmid se réjouit de la très bonne représentation et de la qualité de la recherche en neurosciences à l’Université de Fribourg: «Au moins la moitié des symposiums étaient organisés par nos scientifiques locaux, les Professeurs Mario Prsa, Juliane Britz et notre nouvelle collègue Patricia Boya.. De plus, les doctorant·e·s et post-doctorant·e·s de l’Unifr étaient très bien représentés dans la session interactive de posters.» Avec 28 présentations scientifiques, 95 posters et presque 300 participant·e·s sur les deux jours, les organisateurs s’accordent à dire que ce congrès a été un succès, et donnent rendez-vous à tous·tes les neuroscientifiques suisses l’an prochain à Lugano.
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  • Site de la Société suisse de neurosciences
  • Page de Michael Schmid
  • Photo de une: Samy Rima (organisateur ySSN), Wolfram Schultz et Michael Schmid; © Michael Schmid
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Author

Noémie Frezel-Jacob a étudié la biologie et les neurosciences à Paris et à San Francisco, puis fait sa thèse en neurosciences à l'Université de Zurich. Elle est aujourd'hui chercheuse à l'Université de Fribourg.

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