Fatigue, lassitude, faible estime de soi? Autant de signes qui pourraient trahir une forme d’épuisement scolaire. Le Centre de psychologie de la santé de l’Unifr propose des groupes de parole pour aider les étudiant·e·s à se confronter à ces symptômes. Les explications de Saba Chopard, assistante diplômée.
Cette année, le Centre de psychologie de la santé de l’Unifr a mis sur pied des groupes de parole sur la thématique de l’épuisement scolaire et du burn-out, pour quelle raison?
Nous sommes en contact étroit avec le Conseil psychologique aux étudiant·e·s de l’Université de Fribourg. Ce dernier a constaté une augmentation significative des difficultés inhérentes à l’épuisement scolaire ainsi qu’au burn-out parmi les étudiant·e·s qui ont consulté l’année dernière. Nous avons aussi pu remarquer, en tant qu’enseignant·e·s, une augmentation du niveau du stress parmi les étudiant·e·s universitaires. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de créer ce concept, afin que les personnes qui se trouvent confrontées à des situations pareilles puissent profiter d’un espace d’échange et de partage bienveillant et sécurisé.
Les étudiant·e·s sont-ils plus sous pression aujourd’hui ou plus fragiles?
C’est important de prendre en considération les deux éléments. D’un côté, la société demande de plus en plus en ce qui concerne la productivité de chacun·e. Cela nous amène à nous sentir souvent sous pression et le risque est de tomber dans une sorte de compétition avec les autres, car «je vais réussir seulement si j’ai tout donné et si j’arrive à être la ou le meilleur·e», ce qui par conséquent crée du stress. De l’autre côté, il y a sûrement une fragilisation au niveau de la population générale et de la population estudiantine. Cette vulnérabilité, qui était peut-être déjà latente, a été exacerbée surtout suite à la période de la pandémie de la covid-19, qui nous a obligé·e·s à changer radicalement nos styles de vie.
Quels sont les signes qui peuvent révéler un début d’épuisement scolaire?
Un des symptômes principaux en lien avec l’épuisement scolaire, c’est de se sentir constamment fatigué. Bien sûr, ce n’est pas le seul signe. Cette problématique inclut généralement trois principales dimensions: l’épuisement émotionnel, le cynisme (sentiment de détachement par rapport aux études ou aux autres) et le faible sentiment d’accomplissement personnel. L’épuisement scolaire partage beaucoup de similitude avec la dépression. La plus grande différence avec cette dernière est que l’épuisement scolaire est intimement lié aux études. Ce sont ces dernières qui causent les symptômes associés énumérés ci-dessus.
Quels peuvent être les conséquences si on ignore le problème?
Plus nous avançons dans le processus d’épuisement, plus les conséquences peuvent devenir lourdes et se chroniciser. Des symptômes cognitifs, telle que la difficulté à se concentrer, émotionnels, comme la difficulté à gérer ses émotions négatives, ainsi que physiques, comme une fatigue persistante et un sommeil perturbé, peuvent perdurer dans le temps et se généraliser aussi à d’autres domaines de la vie.
Que peuvent faire les étudiant·e·s pour éviter de souffrir d’épuisement scolaire?
En ce qui concerne les facteurs de protection, le soutien social représente un des facteurs les plus significatifs. Continuer à cultiver ses relations et être soutenu·e par notre environnement réduiraient le stress face aux études et, par conséquent, rendraient les étudiant·e·s moins vulnérables à l’épuisement scolaire. A côté de cela, une bonne hygiène de vie (rythme de vie équilibré, alimentation, exercice physique etc.), la capacité de prendre soin de soi et de poser ses propres limites ainsi que celle à s’auto-observer et à s’auto-réguler sont des outils qui aident à prévenir l’épuisement scolaire.
Vous proposez des groupes de parole sur la thématique. Comment se passent ces séances?
Nous proposons quatre séances pendant le semestre de printemps 2023. Chaque séance propose de traiter une thématique précise, tout en laissant aux participant·e·s la possibilité de s’exprimer et d’amener les sujets qui leurs paraissent importants. L’idée, c’est de proposer des stratégies qui peuvent être mises en place afin de gérer les difficultés rencontrées. Nous proposons notamment les thématiques suivantes: la gestion du temps, la capacité à poser ses propres limites, apprendre à activer son propre courage et des techniques de relaxation.
Et pour celles et ceux qui auraient peur de parler en public ou souhaiteraient garder l’anonymat, y a-t-il d’autres options?
Il y a toujours l’option de consulter un·e psychologue de manière individuelle. Celui ou celle-ci est tenue au secret professionnel. Ce qui est discuté en séance reste donc d’ordre privé. C’est d’ailleurs important de faire appel à un·e professionnel·le de la santé si on remarque que la situation devient difficile à gérer ou si elle commence nous dépasser.
- Page de Saba Chopard
- Groupes de parole autour du burnout:
. «J’apprends à me relaxer», 25.05.2023, 18h30-20h00
. «J’active mon courage», 27.04.2023, 18h30-20h00
. «Je pose mes limites», 30.03.2023, 18h30-20h00
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