Trois étudiant·e·s de l’Université de Fribourg se sont rendu·e·s cet été en Corée dans le cadre du programme ARC-HEST. Leur mission: concevoir un pojangmacha, un stand de marché typique des villes coréennes, en prêtant une attention particulière à ses performances environnementales et au bien-être des client·e·s. Une expérience académique, mais aussi culturelle, qui les marquera à vie.
Quand Elise, Elena et Francesco ont appris qu’ils avaient la possibilité d’aller passer une dizaine de jours en Corée, leur sang n’a fait qu’un tour! Ce pays qui les faisait tant rêver leur tendait enfin les bras, de surcroît dans le cadre de leurs études. Grâce à un programme d’échange académique, ces trois étudiant·e·s de l’Université de Fribourg ont pu participer à une «Ecole d’été» à Séoul, du 12 au 23 août, sur les thèmes de l’architecture et des nouvelles technologies. Organisée depuis 2019 par le Smart Living Lab, la troisième édition de ce programme pédagogique a réuni 30 étudiant·e·s de l’Université de Fribourg, de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, de l’EPFL et de trois universités coréennes.
Atterrissage en douceur
Pour se rendre en Corée, il ne faut pas craindre de franchir les fuseaux horaires, sept au total, et d’affronter une touffeur surprenante. «A Séoul, le mercure frôlait les 35°C et l’humidité dépassait les 80 %», se remémore Elise Hoimyr, étudiante en informatique qui rêvait de la Corée depuis des années. Prévenant·e·s, les Coréen·ne·s ont concocté un programme allégé pour les premiers jours afin de favoriser l’acclimatation de leurs hôtes. Au menu: cours d’introduction à l’université féminine d’Ewha, création de groupes et présentation des sites à étudier. Puis, le jour suivant, un peu de détente avec la visite du village de Jeonju et de la ville de Gwanju «sites historiques et modernes importants», précise Elena. »
Mission Pojangmacha
Une fois acclimaté·e·s, nos trois étudiant·e·s sont passé·e·s aux choses sérieuses. Chacun·e a rejoint un groupe composé de six étudiant·e·s (quatre architectes, un·e ingénieur·e et un·e informaticien·ne), avec pour mission d’étudier trois sites différents et d’y proposer le pojangmacha, un stand de nourriture ou de location d’objets, le plus adéquat pour l’endroit. «Nous avons pris des mesures de température, d’humidité, de vitesse du vent et de rayonnement UV, énumère Elena Cascavilla, étudiante en informatique de gestion. Avec son groupe, elle a été assignée au Yeouido Park de Séoul, afin de déterminer quel type de structure serait le plus approprié en fonction des données environnementales du lieu.»
Supervisé·e·s par des professeur·e·s suisses et coréen·ne·s, les étudiant·e·s ont également cherché à définir le public-cible. «Avec mon groupe, nous nous trouvions sur la Gwanghwamun Plaza, explique Elise Hoimyr, étudiante en informatique. Nous avons recherché sur Internet des données concernant le flux quotidien de personnes, notamment celui des pendulaires sortant du métro.»
Informaticien·ne·s tout-terrain
Durant la deuxième semaine, nos trois informaticien·ne·s de l’Université de Fribourg ont, chacun·e de leur côté, mis les informations glanées sur le terrain à disposition de leurs collègues architectes et ingénieur·e·s. «Personne ne peut comprendre les données brutes, comme celles concernant les rayons UV, observe Francesco Lam. Notre rôle était donc de les rendre intelligibles au moyen de graphes.»
Ensuite, c’était au tour des étudiant·e·s en ingénierie de traduire ces données climatiques et environnementales pour concevoir un bâtiment adapté au site. «Faut-il construire un pojangmacha rigide pour qu’il puisse résister à la mousson ou, au contraire, en faire un système souple capable d’être plié en cas d’alerte?», illustre Elena. Quant au groupe d’Elise, il a planché sur un photomaton en forme de pojangmacha : «Nous avons imaginé une structure surélevée permettant de prendre des photos des montagnes ou du palais de Gyeongbokgung, l’un des plus grands de Séoul.»
Expérience culturelle inoubliable
Débutant vers 9 heures du matin — «car les architectes ne sont pas des lève-tôt», à en croire Elise Hoimyr — les journées se sont rarement terminées avant 21 heures, voire minuit. Les étudiant·e·s ont ainsi expérimenté la mise en commun de leur domaine d’expertise respectif, très spécifique et pourtant si complémentaire. Cet agenda chargé n’a guère laissé de temps pour la villégiature, à l’exception de la visite de l’ambassade de France et de la découverte des incontournables trésors culturels de la Corée, notamment culinaires. «Nos collègues nous ont emmené·e·s manger et nous ont montré comment nous y prendre, s’enthousiasme Elena. Nous n’avons pas seulement visité la Corée comme des touristes, mais comme des locaux!» Francesco, lui, s’est même aventuré à pousser la chansonnette dans un karaoké: « Je ne suis pas un grand chanteur, mais je pense qu’ils étaient heureux, surtout grâce à mes bonnes ondes!»
Suisse et pas fin
Une présentation devant un panel d’expert·e·s et en présence de l’ambassade de Suisse en Corée a parachevé ce séjour. Il y aura cependant un match retour en février prochain. Les étudiant·e·s coréen·ne·s viendront à Fribourg, et nos trois Fribourgeois·e·s trépignent déjà à l’idée de les revoir et de leur montrer leurs bons coins. Ce sera également l’heure de concrétiser les prototypes imaginés en Corée. «Je suis un couteau suisse en matière d’intérêts, plaisante Elise, et cela ne me gênera pas de couper du bois s’il le faut!» Ce voyage aura d’ailleurs très certainement un impact immense sur sa carrière. «J’ai découvert que l’analyse des données n’est pas pour moi, mais que le design ou des domaines plus créatifs me tentent.» Et cette réorientation professionnelle pourrait même passer par la Corée, puisqu’Elise a définitivement compris que son intérêt pour le pays du Matin calme dépassait la simple curiosité touristique.
« Je peux m’imaginer y vivre », finit-elle par concéder. Quant à Elena, son futur se décline déjà en coréen: elle a acheté ses billets d’avion et retournera dans la péninsule en octobre, en simple touriste cette fois-ci.
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