12.04.2011

Le réchauffement des glaciers de haute altitude s’est accéléré


Le réchauffement des glaciers alpins avance encore plus vite qu’on ne l’avait pensé. Les derniers résultats d’une étude à long terme menée par le Département de géoscience de l’Université de Fribourg le prouvent. Sur la base de ces résultats, s’ébauchent également les conséquences plus larges pour l’homme et pour la nature.

Le Colle Gnifetti dans la région du Monte Rosa: à droite la pointe Gnifetti avec la cabane Margerita, à gauche la pointe Dufour et la pointe Zumstein (Photo: Stephan Suter)

Le réchauffement des températures du névé et des glaces a été étudié pour la première fois sur une période de presque 30 ans, avec des mesures à 4452 mètres au-dessus de la mer, sur le sommet du névé de la pointe Gnifetti dans le massif du Mont Rose. L’équipe de recherche, dirigée par le Prof. Martin Hölzle de l’Université de Fribourg, a découvert que les températures du névé – neige de haute montagne qui perdure au moins un été – ont augmenté de manière accélérée durant ces 20 dernières années : alors que ces températures, à 20 mètres de profondeur, ne montraient pratiquement aucun changement entre 1982 et 1991, elles ont augmenté en moyenne de 0.05°C par an entre 1991 et 2000. Entre 2000 et 2008, la température a augmenté de 0.16°C chaque année.

Cette augmentation se révèle nettement plus élevée que celui du réchauffement de la température atmosphérique de l’air durant la même période. La raison en est que l’intensification du réchauffement accélère la fonte des neiges et que, par conséquent, plus d’eau coule sur la surface du névé. Celle-ci s’infiltre ensuite dans les couches plus froides du névé et conduit à un réchauffement plus rapide. Les mesures montrent par conséquent, que les températures du névé et de la glace peuvent réagir de manière très fine aux changements climatiques.

Conséquences néfastes pour l’homme et la nature

En se basant sur les prévisions de température et les modèles climatiques, il faut désormais compter avec un réchauffement beaucoup plus fort de ce qu’on appelle les glaciers froids, dû à une infiltration plus élevée de l’eau de la fonte. Ce développement peut aussi avoir d’autres conséquences : d’une part, des problèmes accrus de stabilité locale peuvent survenir au niveau des glaciers suspendus, abruptement accrochés au flanc de la montagne. D’autre part, ce phénomène conduit à la rapide et irréversible destruction d’archives climatiques et environnementales uniques et millénaires. Les matières accumulées dans la glace ne pourront alors plus servir à l’analyse et à la recherche sur les précédents cycles climatiques.

Les résultats de cette étude à long terme viennent de paraître dans le magazine online The Cryosphere. Afin que ces importantes observations puissent être poursuivies dans le futur, les résultats seront intégrés dans les réseaux de mesures de la cryosphère de l’Académie suisse pour les sciences naturelles.

Vous trouverez l’étude intitulée Evidence of accelerated englacial warming in the Monte Rosa area, Switzerland/Italy sous: www.the-cryosphere.net/5/231/2011/tc-5-231-2011.html


Contact: Prof. Martin Hölzle, Département de géoscience, Université de Fribourg,
martin.hoelzle@unifr.ch, 026 300 90 22, 079 283 11 82